Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Frachet
12 novembre 2020

Patrick Grainville L'Atlantique et les Amants

Référence : Patrick Grainville,  L'Atlantique et les Amants, éditions du Seuil, collection Cadre rouge, 288 pages, janvier 2002

                   
Le couple Grainville             Avec Montherlant       Avec Christine Montalbetti


Ce normand, né à Villers-sur-mer en 1947, a bien connu Marguerite Duras qui habitait  l’Hôtel des Roches Noires à Trouville-sur-mer, près de chez ses parents, et avec qui il lui arrivait de se promener. Il raconte notamment sa rencontre avec Marguerite Duras dans un texte intitulé Le Héron blanc, [1] et l’évoque aussi parmi les "Marguerite de sa vie" dans Les Anges et les Faucons. [2]

             

Son premier roman, La Toison, fut en particulier salué par Henri de Montherlant. Peu de temps avant sa mort, il
lui prédit un grand avenir, disant de son style : « Vous êtes tellement personnel que, dès votre premier livre, on pourrait écrire : “À la manière de Patrick Grainville” »

On retrouve dans ce roman la belle plume de Patrick Grinville, prix Goncourt 1976 pour Les Flamboyants, son style lyrique conforté par des descriptions enflammées, par des phrases courtes et elliptiques.

                          
Le jour de la fin du monde...          Les Grainville chez eux à Romainville

Liés par un pacte de non retour, Éric et Léna roulent vers le sud et son fameux soleil. Dans les Landes et le Pays Basque, ils vont voir Angel qui se livre à de curieux rituels tauromachiques. Ils n'ont peur de rien. Pour Léna, le truc c'est le surf et la vague qui déferle et pour Éric c'est plutôt le taureau, le démiurge, le Minotaure. Léna déteste la corrida, le sang et le sacrifice de l'animal. Elle préfère se confronter aux vagues et affronter le danger.
Ils représentent en quelque sorte les amants du monde, recherchant le plaisir pur, le danger, parfois avec une pointe de mélancolie.

                       
Le baiser de la pieuvre           Les flamboyants                La caverne céleste

Les deux adolescents foncent à moto vers l’Atlantique et se posent vers Biarritz pour le surf et la corrida. Pour l'argent, c'est au jour le jour, en jouant sur la séduction si nécessaire. Leur défi, c'est le sport, il va aux corridas, voir son ami Angel, elle se coltine avec son surf à la puissance de l'océan. Ils veulent se confronter à leurs limites dans un climat pas toujours serein.
En Espagne, le couple rejoint la mer, fait quelques connaissances et renoue avec ses passions : tauromachie, photo, surf, oiseaux et chiens, sculpture… Les obsessions, la vie... ils repartent, toujours sous le soleil.

                       
Colère                         Trio des ardents                Le démon de la vie

Le surf n'est pas seulement un sport ou même une façon de vivre, c'est aussi faire corps avec l'océan en se laissant guidé par lui, en l'apprivoisant; le choc du corps dans toute sa beauté avec l'élément liquide, véritable personnage du roman. Les descriptions sont soutenues par des métaphores dont Grainville a le secret sur la mer bien sûr mais aussi sur les chiens, les taureaux et... les amérindiens.
« Léna, écrit-il, avait toujours bercé au fond de son désir un grand rêve d’Indiens, de razzias emplumées dans la prairie, de dos minces et nerveux courbés sur le cou des pur-sang, de sandales véloces, de couteaux dégainés… » Le tout avec des chiens qui ont pour nom « Apache » ou « Sioux... » Un univers qui nous rappelle un de ses précédents romans intitulé "Bison".

                       
L'arbre piège                                                        Le dernier viking

La description selon Grainville - L'exemple de Lise
Éric voit ses cuisses moins musclées que celles de Léna, moins longues, plus veloutées peut-être, plus charnues, plus câlines, s'ajustant à la croûpe d'une rondeur, et même davantage, d'un protubérance tonique et dense. Après cet arceau rebondi, la taille étroite étrangle la silhouette dans l'élan du torse noir vers cette nouvelle offrande des mamelons, sous ses yeux, qui se mêlent dans un mirage aux cuisses, aux fesses... (p 123) 

Notes et références
[1] Voir la NRF du 5 mars 1998, n° 542, éditions Gallimard
[2] Sur Marguerite Duras, il a aussi publié en 2015 un livre numérique, collection Duetto, Nouvelles lectures et un article  dans un ouvrage collectif intitulé L’esprit des femmes, La Thébaïde.

Mes fiches sur Patrick Grainville
* Le démon de la vie -- Bison -- Falaise des fous -- Les yeux de Milos -- L'atlantique & les amants -

--------------------------------------------------------------------------------------
<< Christian Broussas
L'atlantique   © CJB  °°° 13/11/2020  >>
--------------------------------------------------------------------------------------
Commentaires
Frachet
Archives