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Frachet
20 mai 2022

Chateaubriand en Suisse

François-René, vicomte de Chateaubriand (1768-1848)

Si Chateaubriand a connu Coppet et Mme de Staël, c'est surtout par Juliette Récamier qui fut une fidèle amie et qui avait sa chambre au château de Coppet. Il se souvenait de ce temps  où, exilée à Coppet, il tentait de la consoler de la perte de sa vie parisienne.

En fait, ils se sont connus assez tôt dans les années 1803-1805 puis beaucoup plus tard en 1817, un peu avant le décès de Mme de Staël.

Première rencontre en 1803 à Coppet. Reçu par Mme de Staël, pour la première fois, il aperçoit Juliette Récamier telle une apparition vêtue d'une longue robe blanche... Ils mettront deux ans avant de se revoir. [1]
Seconde rencontre en 1805 à Coppet Chateaubriand, lui aussi en "délicatesse" avec Napoléon, essaie de la consoler de son exil :
« quelle vue sur le Léman et que d’amis vous entourent. » C'était bien vrai mais en ce début d'exil, Mme de Staël avait encore le spleen de son salon parisien. 

         
François-René Chateaubriand et Juliette Récamier

Mai 1817 à Paris : Après l'exil et Londres, pour Mme de Staël, c'est la fin. Avec la Restauration, une nouvelle vie s'offrait à elle mais contre la maladie, on ne peut rien. Il est à son chevet, revoit enfin Juliette : « Mon amour, ma vie, mon cœur, tout est à vous… J’aime Mon bel ange pour la vie, je vous aime, je vous aimerai toujours; je ne changerai jamais. »

               

Après la disparition de Germaine de Staël, Chateaubriand retournera à trois reprises du côté du Léman et à Coppet.

**
D'abord en mai 1826, il se rend à L
ausanne avec sa femme Céleste. Mélancolique, repensant à Coppet et à Jean-Jacques Rousseau,  contemplant en face de Lausanne les rochers de Meillerie chers à Rousseau qui lui valent ce commentaire : « Placé dans la véritable nature de son talent, il arrive à une éloquence de passion inconnue avant lui. »
** En mai 1831, il est à Genève aux Pâquis : Cette fois, ce sont les toits de Coppet et la villa où Byron a vécu qu'il contemple. Il parle de Mme de Staël et évoque souvent Juliette, sa grâce et ses dons de harpiste. Ils s'écrivent aussi. Ils échangent des lettres enflammées. « Je vous attends pour aller dans cette île enchantée » la presse-t-il.

** 1832, il est de retour en Suisse, Lausanne où il rencontre Alexandre Dumas puis le lac de Constance... où il revoit Juliette. Enfin !
« Je veux encore voir longtemps le soleil si c’est près de vous que je dois achever ma vie. [...] Je veux que mes jours expirent à vos pieds comme ces vagues doucement agitées dont vous aimez le murmure. »

               
                                            Sa tombe à Saint-Malo sur le grand-bât

** Retour à Genève avec sa femme… et Juliette. Ils se voient chaque jour, rencontres qui lui  « enflamment l’âme et en même temps le brûle. » Ils partent à Coppet, comme pour un pèlerinage, se promènent longuement autour de Genève en éternels amoureux.
** Après leur retour à Paris, ils habitent près l'un de l'autre dans le 7ème arrondissement. [2] Diminués physiquement, ils se retrouvent chez elle, il lui lit des passages de ses Mémoires d’outre tombe dont il rédige la dernière partie, jusqu’à la mort de Juliette en juillet 1848 : «  Que m’importe de vivre au-delà de ma vie ! »

  Vue générale de Coppet

L’éternel romantique
« En approchant de ma fin, il me semble que tout ce qui m’a été cher l’a été dans Madame Récamier, et qu’elle était la source cachée de mes affections. »

Mémoires d’outre tombe.

« Un après-midi d’automne qui commençait à rougir et à détacher quelques feuilles»

Lui reviennent ses rencontres avec Mme de Staël, leurs débuts en 1803 où il lui disait, évoquant Coppet, « Si j’avais comme vous un bon château au bord du lac, je n’en sortirais jamais, » jusqu'à cet hommage posthume en 1832 en compagnie de Juliette

Dans ses Mémoires d'outre-tombe (livre 36), Chateaubriand se souvient : « Assis sur un banc… j’avais les yeux attachés tantôt sur la cime du Mont-Blanc, tantôt sur le lac de Genève. Les nuages d’or couvraient l’horizon derrière la ligne sombre du Jura. [...] J’apercevais de l’autre côté du lac la maison de Lord Byron dont le faîte était touché d’un rayon du couchant. Rousseau n’était plus là pour admirer ce spectacle… »

Notes et références
[1] cf Les Mémoires d'outre tombe
[2]
Chateaubriand habitait un appartement au rez-de-chaussée de l'hôtel des Missions-Étrangères, 120 rue du Bac et Juliette Récamier tout près à l'abbaye-aux-Bois.

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