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<< Christian Broussas • Sansal Vivre © CJB ° • 13/02/ 2024 >>
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Boualem Sansal, Vivre : le compte à rebours
Référence : Boualem Sansal, Vivre : le compte à rebours, éditions Gallimard, 234 pages, 2024
Boualem Sansal à Francfort en 2011"On retrouve dans ce roman la verve caustique et gouailleuse, marque de fabrique d'un écrivain singulier à l'audience internationale."
Un nouveau roman de Boualem Sansal, voilà qui est à priori fort intéressant. J'avais déjà écrit des fiches de présentation de ses deux derniers ouvrages, Abraham ou la cinquième alliance et Le train d'Erlingen. [1]
Boualem Sansal, c'est toujours assez touffus, on s'y perd un peu parfois dans ses histoires mais c'est d'une acuité et d'une richesse particulièrement fine qui met le doigt là où ça fait mal. Et en général le régime algérien n'apprécie pas vraiment.
Il faut dire que, outre ses prises de position, son refus de condamner Israël [2], il a publié plusieurs ouvrages très critiques sur l'action du pouvoir algérien, Dis-moi le paradis, (2003) [3], visant le président Boumédienne, l'arabisation forcée [4] et la corruption délétère, Harraga la vie de deux femmes émigrées qui fuient la misère malgré l'argent (détourné) du pétrole qui coule à flots, Le Village de l'Allemand (2008), histoire d'un SS nommé Hans Schiller, qui fuit en Égypte et participe ensuite à la libération de l'Algérie et où l'auteur établit un parallèle entre islamisme et nazisme. Dans 2084 : la fin du monde, c'est la religion qui est visée, une religion qui « fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité. »
Romans 1999-2011
« Je fais de la littérature, pas la guerre », dit-il, ajoutant : « La littérature n'est pas juive, arabe ou américaine, elle raconte des histoires qui s'adressent à tout le monde. »
Dans ce roman, on est carrément confrontés à la fin du monde, et il faut faire vite pour sélectionner des "élus" qui iront chercher un nouvel éden quelque part dans l'univers.
Bon, voilà où on en est. Seulement, il reste à résoudre une petite difficulté : comment choisir les heureux élus qui iront créer une nouvelle colonie humaine en évitant de faire les mêmes conneries que sur la terre ?
Le train d'Erlingen Rue Darwin 2084 La fin du monde
Question épineuse : sur quels critères sélectionner car des petits malins peu ragoutants pourraient bien se glisser parmi les plus vertueux sélectionnés.
Quoi qu’il en soit, la disparition de la Terre étant prévue dans 780 jours, c’est Paolo un prof de maths retenu dans les Appelés, qui doit choisir les humains dignes de rejoindre le vaisseau spatial.
Dans ce roman, si Les Appelés doivent émigrer sur une autre planète, dans son roman précédent Abraham, Abram sa réincarnation, doit conduire la tribu vers la Terre promise.
Il découvre qu’un certain Jason est aussi dans la confidence, d’autres peut-être… Ces différents « élus » vont donc devoir déterminer quelle moitié de l’humanité sera sauvée. Une arche de Noé revisitée…
Abraham Lettre d'amitié... Gouverner au nom d'Allah
Notes et références
[1] A propos de ce livre, il a écrit : "Le fait que ça renvoie à l’Allemagne par le nom Erlingen et à la Shoah par le train, posait quelque part la question de Dieu et de sa responsabilité. Ça résume bien le livre." Il y critique vertement le laxisme européen envers l'islamisme : « Oui, l'Europe a peur de l'islamisme, elle est prête à tout lui céder... »
[2] En mai 2012, il participe au Festival international des écrivains à Jérusalem suscitant de nombreuses critiques et en octobre, il rencontre l'écrivain israélien David Grossman sur le thème de la paix.
[3] Dans ce roman, il fustige la bêtise sous toutes ses formes : « Mais toujours, inchangée dans la guerre ou la paix de l'entre-deux, marchant en tête, discourant à perte de vue, pontifiante et grossière : la bêtise souveraine. » Il écrira aussi dans Lettre d'amitié : « Pourquoi les humains sont-ils si bêtes ? »
[4] « En Algérie, écrit-il, nous sommes analphabètes trilingues : nous avons perdu le français à cause de l'arabisation forcée, l'arabe est peu ou mal enseigné, nous avons perdu le kabyle et nos langues ancestrales. »
Voir aussi
Boualem Sansal, Le train d'Erlingen -- Abraham ou la cinquième alliance --
Les écrivains algériens et l'islam --