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Frachet
2 février 2024

JMG Le Clézio, Identité nomade

Référence : JMG Le Clézio, Identité nomade, éditions Robert Laffont, janvier 1924

          
« Je ne voyage pas pour écrire ce que j'écris, mais j'écris pour voyager.
»


Cette fois, c'est un essai autobiographique que JMG Le Clézio nous propose, peut-être pour compléter la petite musique qu'il nous avait fait entendre avec sa "Chanson bretonne". À 84 ans, il a peut-être estimé qu'il était temps pour lui de retracer son parcours d'écrivain et ce que signifie "écrire". Ce titre illustre et prolonge son intérêt pour le concept d'identité et sa difficulté pour un homme tel que lui, aux multiples racines, de s'y positionner.

  Le Clézio le 6 janvier 2024 à Nice
« Ne renoncer à aucune part de mon identité. »

Rappelons à cet égard que son père était mauricien (de nationalité britannique), issu d'une famille d'origine bretonne émigrée à l'île Maurice. Lui est né à Nice au début de la dernière guerre mondiale et sera durablement impacté par la guerre, le bombardement de la ville et leur fuite dans l'arrière pays. [1] Ensuite, ce sera l'Afrique, le Nigéria pour aller y rejoindre son père.

Ainsi, il quitte un pays bombardé par l’aviation alliée pour le Nigéria où l’on peut courir pieds nus dans la forêt, découvrir la vie, les gens, les animaux, « une vraie liberté. » Des gosses de son âge qui « possédaient très peu de jeux [avec] des activités en général liées à l’utilité de la vie. »

Puis ce sera le Maroc et la rencontre avec sa future femme, originaire du Sahara occidental. Ils retraceront leur aventure dans un livre-témoignage "Gens des nuages".  Dans ce parcours, quelques scènes qui l’ont choqué : par exemple, au Maroc début des années 1950, il est témoin d'un geste raciste d’un colon sur un pauvre paysan ou au Nigeria, ces hommes enchaînés qui vont construire la piscine du District Officer. [2]

Tout cela participe à  la formation de son identité, de ses différentes expériences, ce qui lui fera dire : « Je ne sais pas qui je suis. Je n'ai pas eu à me poser la question de l'identité parce que dès le départ, j'étais double ».

Dans une interview, Le Clézio affirme que ce problème de l'identité, si important en France, est surtout un faux problème puisque la France est un pays composite façonné au fil des années, fait d'identités diverses. Il ne peut donc admettre que l'identité soit univoque. Il nous parle aussi de sa vision de la littérature, confortée par son nomadisme.

Le Clézio sait que l'art et plus particulièrement la littérature ne changera pas la société, ne serait-ce que parce qu'elle
« n’a pas su arrêter la traite des esclaves ni les crimes de la colonisation, […] empêcher les guerres », voire éradiquer les injustices et la haine, défendre la Nature. Un objectif moins ambitieux serait qu'elle incarne l'espoir d'un monde meilleur à travers « les rêves d’enfance, l’amour, le goût de la beauté. » En tout cas, il restera toujours à la littérature la dimension du témoignage qui permet d'avoir une approche et un regard critique sur la société.

 Notes et références
[1] Voir mon fichier intitulé "L'enfant et la guerre" -
[2] Voir mon article intitulé "Le Clézio, voyageur et citoyen du monde" -

Voir aussi
* Le nomade immobile --

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<< Christian Broussas • Identité nomade  © CJB  ° 02/02/2024  >>
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