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Frachet
15 mai 2022

Byron, voyage en Suisse

George Gordon Byron dit Lord Byron

       
Lord Byron                          En robe albanaise 1813

Le solitaire
Lord Byron et Germaine de Staël, qui avaient beaucoup d'estime l'un pour l'autre, vont se rencontrer à deux reprises.
D'abord à Londres en juin 1813, pendant son exil quand elle quitte Coppet et fuit la vindicte impériale à travers l'Europe jusqu'à Londres.  Ils se verront assez peu mais il lui dédiera un poème intitulé "Le Giaour".

Puis ce sera en mai 1816 Genève, Cologny juste à côté et Coppet, à un moment où il a le moral au plus bas, cumulant problèmes financiers et familiaux après la séparation d'avec sa femme et sa petite fille Ada.

Il s'installe d'abord à Genève, ville qu'il trouve bruyante et à laquelle il préfère Cologny et le calme de la villa Diodati, juste en face sur les bords du lac, y menant une existence d'ermite et de travail, poursuivant l'écriture de son poème "Le pèlerinage de Childe Harold" (chant III, juillet 1816), dont il dira plus tard
« Je me réveillais un matin et j’appris que j’étais célèbre, » écrivant ses Stances à Augusta.
Il se balade aussi régulièrement en barque, sillonnant le lac vers Coppet et  Montreux, de Clarens à Chillon.

          
Sa femme Annabella            Sa demi sœur Augusta

Sur les traces de Rousseau, il écrira : « Frappé à un degré que j’aurais peine exprimer, de la force, de l’exactitude des descriptions de Rousseau et de la beauté sublime de la réalité. Meillerie, Clarens, Vevey et Chillon sont des lieux dont je dirai peu parce que ce serait bien au-dessous des impressions qu’ils laissent. » 
Lettre de Byron à son éditeur, 27 juin 1816

Delacroix, Le prisonnier de Chillon


Lord Byron et les Shelley

À Cologny, il rencontre Percy et Mary Shelley qui résident aussi à côté de Cologny. Avec eux, il continue les balades sur le lac, même par mauvais temps. Ils sont accompagnés de Claire Clairmont qui en profite pour renouer avec un Byron assez réticent dont il aura cependant une fille qui mourra à l'âge de 5ans. Pendant cette "année sans été", un soir l’orage va se déchaîner frappant l’eau d’éclairs fulgurants qui impressionnent les jeunes poètes qui y voient une atmosphère mystérieuse, surnaturelle. Tout impressionnés par le spectacle, ils s’adonnent à un concours de "récits d’épouvante" avec ses amis Shelley.

                 
     Mary Shelley               Percy Shelley                   Gustave Courbet : le château de Chillon

Byron se servira de cet épisode dans sa "Nouvelle du Vampire" et écrira un grand poème "Le Prisonnier de Chillon" en hommage à Bonivard, un protestant emprisonné par les ducs de Savoie au XVIe siècle après la visite du château.  Mary Shelley quant à elle en tirera plus tard un roman fantastique qui fera date dans ce type de littérature, intitulé "Frankenstein".
Il écrira dans "Le rêve" :
«  Le lac Léman me sourit de son visage de cristal. »

                     
Monument Byron & vue sur le lac                Villa Diodati à Cologny où résida Byron

Été 1816, Byron est de retour à Coppet chez Mme de Staël et il y fait un triomphe … et des ravages avec ses manières, son entregent et ses poèmes aussi bien sûr.
Il écrira :
« Je suis débiteur pour toutes les bontés et affectueuses politesses de Notre Dame de Coppet et je l’aime maintenant autant que j’ai toujours aimé ses ouvrages dont je suis un grand admirateur. » Lettre de Byron à Rogers avril 1817

Bientôt, vont paraître deux textes importants qui lui vaudront un grand succès :  "Le pèlerinage de Childe Harold" (sauf le chant IV) et "Le prisonnier de Chillon".

            
Delacroix Le combat du Giaour                  Turner Childe Harold

Focus sur les œuvres de Byron

Le pèlerinage de Childe Harold (1812-18)
Voyages & réflexions d'un jeune homme fatigué du monde qui, désillusionné par une vie de plaisirs et de débauches, cherche une distraction à l’étranger. à expression de la mélancolie et des désillusions d’une génération lasse des guerres.
Voyages Portugal/Espagne/Albanie/Grèce (chants I, II) puis Belgique veille de Waterloo, Allemagne, Jura (chant III), Venise, Rome (chant IV)
Strophes de (Spencer) composées de huit décasyllabes et d’un alexandrin, de forme ab/ab/bc/bc/c.
Le Giaour (1813)
Leila a craqué pour un giaour (infidèle) et Hassan jaloux, tue Leila. Le giaour par vengeance tue Hassan et se retire dans un monastère. (Vengeance = thème du vampire)
Parisina (1816)
Italie au XVe siècle. Parisina, marié à Azo le duc d’Este, a un amant Hugo, fils naturel du duc qui le fit décapiter. Elle part au couvent, lui se remarie mais ne cesse de pleurer son fils. Beppo (Une histoire vénicienne 1817)
Le mari de Laura, Beppo, a disparu en mer. Depuis, elle a un  Chevalier servant, le Comte. Mais Beppo n’est pas mort, il l’a retrouve. Pirate, il est riche désormais et elle revient vers lui, le Comte devenant son ami.
[Ottava rima ou strophe de 8 vers hendécasyllabes (cf Boccace, Le Tasse)]
Manfred (l’homme fatal du romantisme) Drame, 1817
Solitaire, toutes ses demandes sont exaucées sauf L’OUBLI.  Ratant son suicide, il rejette ensuite les esprits du mal. Réapparaît Astarté (Aphrodite), celle qu’il a aimée puis tuée. L’invoquant, elle lui annonce sa mort imminente. Vainqueur des démons, il meurt quand même.
Musiques de Schumann et Tchaïkovski
Don Juan – 1819-24
les aventures d'un jeune Espagnol au XVIIIe siècle traversant l’Europe, de l’Espagne à la Grèce. Il se retrouve esclave à Constantinople… puis devient le favori de Catherine II. Traversant l'Europe avec Leïla, il arrive à Londres comme espion de l’impératrice. Il finit par devenir l’amant de la duchesse Fitz-Fulke dans le chant 17 mais la mort de Byron ne permettra pas à son héros de connaître la Révolution française.
Byron en a fait un jeune candide, jouet des événements comme des femmes.
[Ottava rima modifié ou strophe de 8 vers à rimes croisées et récurrentes terminée par un distique [ab/ab/ab/ab/cc] ( cf Beppo)]
Le Prisonnier de Chillon – 1816
Inspiré de l’histoire de François Bonivard enfermé au château de Chillon de 1530 à 1536.
Un homme seul lutte pour la liberté et supporte la souffrance avec toute sa volonté. Seules la Nature et ses beautés le soulagent.
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De Chillon, je pousse un soupir
Dans ses horreurs nous entendons
Le fracas de l’énorme masse
De l’eau qui vagit, clapotant
La nuit, le jour, à chaque instant,
Faisant retentir sur nos têtes
Le bruit de ses sourdes tempêtes.
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L’hiver souvent me fit sentir
L’onde qui venait rejaillir
Par les barreaux de notre cage,
Lorsque les vents impétueux
Montaient en leur folâtre rage,
S’ébattant dans le ciel joyeux.
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Mes cheveux sont blanchis, mais non pas par les ans.
Et ce n’est point d’un coup qu’ils ont pris cette teinte,
Ainsi qu’on en a vu dans de mortels instants,
Blanchir en une nuit par le choc d’une crainte.
Mes membres sont courbés, non point par les travaux,
Mais ils portent la rouille
D’un ignoble repos ;
Car des affreux cachots
Ils sont la proie et la dépouille ;
Et mon sort fut celui
De ces hommes à qui
Les bienfaits de la terre,
De l’air, de la lumière
Furent enviés, interdits,
Comme à de vils êtres maudits.
Entre le monde et moi montait une barrière.

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<< Christian Broussas • Byron Suisse  © CJB  ° 15/05/2022  >>
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