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Frachet
4 décembre 2022

Milan Kundera, L'Insoutenable Légèreté de l'être

Référence : Milan Kundera, L'Insoutenable Légèreté de l'être, traduction François Kérel, éditions Gallimard, 1984

           

L'Insoutenable Légèreté de l'être est le cinquième roman de Milan Kundera écrit en 1982 et publié deux ans plus tard en France.
Un film réalisé par  Philip Kaufman, sorti en 1988 en a été tiré et le scénario réalisé par Jean-Claude Carrière. Il a pour personnages principaux Juliette Binoche et Daniel Day-Lewis.

 L’histoire se déroule à Prague en 1968 dans le contexte du Printemps de Prague et de l'invasion du pays par l’URSS, et la vie des artistes et des intellectuels tchèques d’alors.
Il est basé sur le destin du chirurgien Tomas, de sa femme Tereza et de sa maîtresse Sabina.

                             

Il traite des relations amoureuses entre les différents protagonistes, Tomas oscille entre le libertin avide d’aventures et la passion amoureuse tandis que Tereza est plutôt tentée par le grand amour et Sabina recherche plutôt la légèreté.

Le thème essentiel est que plus la vie apparaît comme un fardeau composé de lourdes responsabilités, plus elle peut au contraire être prise avec une grande légèreté. L’impermanence des choses fait qu’on ne peut « condamner ce qui est éphémère. »  Tomas ne sait pas vraiment ce qu’il veut, se disant finalement « qu’on n’a qu’une vie et on ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures. » (p 15)

                   

Sabina aime la liberté, aussi bien personnelle que politique, ce qu'elle recherchera avant tout et Tomas est partagé entre les aventures sans lendemain et son attachement à Tereza. De leur côté, Franz et Teresa, attachés à des principes et des êtres, sont sous l’influence de la pesanteur du quotidien.   

Légèreté et lourdeur sont parfois vraiment incompatibles. Pour Kundera, l’Occident est guetté par la légèrement alors que l’URSS étaient d’une telle gravité qu’elle en était "risibles". [1] De la pesanteur largement présente dans son roman La Plaisanterie, on passe ici à l'ambivalence entre pesanteur et légèreté qui fluctuent selon les événements.

                   

Kundera nomme kitsch « la station de correspondance entre l'être et l'oubli », ce qu’il voit comme quelque chose d’idéal qui agit tel un paravent qui occulte la réalité. Cette tendance est l’apanage de nombreuses idéologies qui évacuent le doute, privilégient tout ce qui se traduit par l’acquisition de certitudes.

Toujours selon l'auteur, chaque personne est comme une éponge qui absorbe tout ce qui provient de son environnement. Mais tel événement commun à plusieurs personnes sera reçu différemment selon la perception qu'elles en ont. Peu à peu, chaque individu compose ainsi sa propre base de données qui représente sa propre identité [2] et partant, sa relation à autrui.

           

Il pense que ce mécanisme est peu à peu générateur d’incompréhension et de difficultés de dialogue, ce qu’il exprime ainsi : « Tant que les gens sont plus ou moins jeunes et que la partition musicale de leur vie n'en est qu'à ses premières mesures, ils peuvent la composer ensemble […] mais (plus tard) leur partition musicale est plus ou moins achevée, et chaque mot, chaque objet signifie quelque chose d'autre dans la partition de chacun. » (p 132)

Si de cette façon les couples peuvent renforcer leur amour, les motifs d’incompréhension sont multiples, par exemple les malentendus qui ponctuent la relation entre Franz et Sabina.

Notes et références :
[1] Sur le rire et la plaisanterie, voir ses romans La plansanterie, Risibles amours et  Le livre du rire et de l'oubli.
[2] Sur ce thème, voir son roman intitulé "L'identité"

Voir aussi :
Document utilisé pour la rédaction de l’article
Mes fiches sur Milan Kundera : Site Frachet et Site Espace Livres-- 
Document utilisé pour la rédaction de l’articleBohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude --

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<< Christian Broussas
MK, La légèreté   © CJB  °°° 04/12/2022  >>
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