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Frachet
8 mai 2018

Versailles Le hameau de la Reine

Le hameau de la Reine est une dépendance du Petit Trianon située dans le parc du château de Versailles. Sa construction en 1783-83 tient à la reine Marie-Antoinette qui voulait rompre avec les contraintes de la cour de Versailles, une nostalgie inspirée des idées de Jean-Jacques Rousseau avec une liberté marquée par le théâtre et la fête.

 On peut retrouver dans ces lieux champêtres incluant une exploitation agricole, l'influence de ceux qui veulent des changements, physiocrates et philosophes des Lumières. La construction fut confiée à l'architecte Richard Mique, inspirée du hameau de Chantilly et des tableaux de Hubert Robert.

         Vue générale
Sur la rive de l’étang artificiel, la maison de la Reine est composée de deux bâtiments reliés par une galerie. A gauche, la tour de Marlborough entourée de la laiterie de propreté et à droite du colombier.

Autour d'un étang artificiel, on construit 12 chaumières d'inspiration normande et flamande, du côté du Petit Trianon et du jardin anglais. Le tout complété par une ferme, une tour-phare, un colombier, un boudoir, une range, un moulin, une maison de garde, avec également un potager, un verger, un jardin fleuri pour chaque bâtiment. Au centre du hameau "trône" la "Maison de la Reine" où passe une rivière traversée par un petit pont de pierre.

Déjà restauré à trois reprises, le hameau de la Reine a fait l’objet d’une grande rénovation après une longue période de fermeture. . Vingt ans après Marie-Antoinette, lorsque l’impératrice Marie-Louise utilisera à son tour le hameau, le style n’avait pas changé. La nouvelle restauration a prévu de restituer l’ensemble du mobilier Empire.

La salle à manger du rez-de-chaussée, refaite dans les années 1930, disposera d’un réseau de chauffage par le sol avec un système de traitement d’air et sera remeublée grâce au mécénat de la maison Dior. Le salon est sans doute la plus belle pièce, décorée à l’époque de motifs à l’antique, un lustre de cristal, des rideaux de soie jaune, un guéridon et des sièges réchampis or et velours de soie. Une galerie suspendue en extérieur sert à relier la maison de la Reine et le billard.

           
   La tour Marlborough                                                     La galerie

Marie-Antoinette dans son hameau

Élisabeth Vigée Lebrun la peint dans une belle tenue champêtre appelée "gaulle".
Les mécènes vont rendre son charme au village que Marie-Antoinette avait fait construire au Petit Trianon dans le parc du château de Versailles pour échapper à la cour. La reine est peinte avec un chapeau de paille piqué d’une plume, une robe en lin blanc, sans corset ni panier, avec pour seuls ornements un large volant à l’encolure et une mousseline jaune autour de la taille.
Elle lace un ruban bleu autour d’un bouquet de roses, ses fleurs préférées, écrivant à ses amies : « Venez en tenue de campagne, sans prétention. » Elle veut y vivre "en décontractée" comme on dirait aujourd’hui : « Elle entrait dans le salon sans que le pianoforte ou les métiers de tapisserie fussent quittés par les dames, et les hommes ne suspendaient ni leur partie de billard ni celle de trictrac », précise dans ses Mémoires sa première femme de chambre madame Campan.

Le problème, c’est qu’on construit sur un terrain marécageux sans prendre beaucoup de précautions : en fait, tout ça n’est pas fait pour durer longtemps.

      Vue de la galerie (© H. Fanthomme)

Les inventaires mobiliers font penser à un quotidien rustique. Au pied de la tour de Marlborough, on trouve des barques, on pêche à la ligne des carpes et des brochets qu’on mange malgré une petite odeur de vase. La laiterie de propreté, étroite salle à manger en marbre blanc, permet de goûter les fromages préparés avec le lait de la ferme. Il y a aussi un colombier avec volailles et pigeons, dans la ferme, des vaches "suisses", des veaux, des chèvres et des moutons. Sur l’autre rive de l’étang, on a construit un moulin assez pittoresque.


Les treilles de la galerie étaient autrefois couvertes de fleurs. © Hubert Fanthomme

Une reine écolo bobo

Le rêve écolo de Marie-Antoinette rejoint le désir de l’aristocratie de jouer au « Promeneur solitaire ». C’est aussi une nostalgie qui lui rappelle son enfance au palais de Schönbrunn où on était plus libres qu’une reine de France. A Trianon et au hameau, elle se sent une autre : « On se croit à cent lieues de la cour », constate le prince de Ligne, admiratif car dit la reine, « Ici, je ne suis plus reine, je suis moi ». En bonne écolo, elle consomme les produits de sa ferme, assez bobo quand même puisqu’elle fait aménager un luxueux boudoir pour passer les après-midi à l’ombre. On y installe des meubles précieux, tapissés de soieries peintes à la main.

              
A l’intérieur de la tourelle, un escalier dérobé permet une totale discrétion. (© H. Fanthomme)

Dans cet univers "écolo", Marie-Antoinette y passe trois étés avec ses enfants au hameau, le Dauphin y apprend l’agronomie et la botanique, on en profite pour collectionner les plantes et les fleurs, pout cultiver légumes et fruits dans le domaine de Bellevue. Des mauvaises langues Le boudoir susurrent que le boudoir aurait abrité les amours de Marie-Antoinette et d’Axel de Fersen… mais la cour n’était-elle pas un marigot de mauvaises langues ! On sait seulement qu’au printemps 1787, le beau Suédois rejoignait Trianon à cheval quatre fois par semaine…

On ne manquera pas de reprocher à Marie-Antoinette sa vie bucolique au hameau, ses absences auprès de son époux ainsi que le coût de la construction du hameau, ajouté aux réaménagements de Trianon. Beaucoup de griefs à l’heure où il faudra rendre des comptes.

Voir aussi mes fiches
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* Versailles, le RER                                   * Versailles, la petite écure du roi
* La villa d'Este à Tivoli --                       * La laiterie Marie-Antoinette à Rambouillet --

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