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Frachet
3 juin 2023

Henri Matisse le Fauve

La farandole des couleurs

   La joie de vivre 1905

« Le fauvisme est venu du fait que nous nous placions tout à fait loin des couleurs d’imitation et qu’avec des couleurs pures nous obtenions des réactions plus fortes. La couleur surtout et peut être plus encore que le dessin est une libération. »
Henri Matisse, Écrits et propos sur l’Art

      
Village de Bretagne 1896                                       Rue à Arcueil 1903-04 [1]


18 octobre 1905 : Émile Loubet, président de la République, refuse d’inaugurer le troisième salon d’automne qui s’ouvre au Grand Palais pour cause de « bariolages informes », de « brosses en délire », « de mélange de cire à bouteille et de plumes de perroquet ».
Une toile est plus particulièrement visée La femme au chapeau de Matisse. Le critique Louis Vauxcelles écrit: « C’est Donatello parmi les fauves ». Le mot est lancé et le mouvement qui s'amorce rapidement baptisé le fauvisme.

                    
La femme au chapeau, 1905   Portrait de sa femme, à la raie verte, 1905 [2]

Henri Matisse (1869-1954), le peintre de l’optimisme. Avec sa dose de lumière et de gaîté. Ce n’est pas pour rien qu’une de ses toiles les plus célèbres s’intitule « la joie de vivre. » (voir ci-dessus)
Il fut l’un des grands peintres du XXème siècle, l’un des piliers de l'art de ce siècle, un travailleur aussi acharné que discret, qui s’emparait des couleurs comme autant de « cartouches de dynamite » disait son ami André Derain.

          
Collioure, fenêtre ouverte [3]                   L'olivier corse, 1908 [1]

Celui qu’on destinait à une brillante carrière de  clerc de notaire à Saint-Quentin succomba au démon de la peinture. Il est ainsi des destins liés à une volonté qui dépasse l’itinéraire d’un individu.

                
Matisse par Derain 1905   Derain par Matisse 1906  Autoportrait maillot rayé, 1906

Il naît un 31 décembre 1869 à Cateau-Cambrésis dans le département du Nord et ira à la recherche de sa propre voie. Est-ce une modeste boîte de peinture que lui offre sa mère qui a été le coup de pouce, est-ce une longue convalescence post-appendicite qui lui a permis de réfléchir à l’idée qu’il se faisait de sa vie ?

              
Mme Matisse au madras                   Laure au turban                L'algérienne 1909
rouge, 1907

Toujours est-il que, contre l’avis de ses commerçants en grain de parents, il pense avoir trouvé sa voie. Ce sera d’abord l'école des Beaux-Arts de Paris pour profiter des conseils de Gustave Moreau qui lui dira simplement : « Vous allez simplifier la peinture ».

            
La gitane, 1905                                              Marguerite lisant, 1906

Avec son ami Georges Rouault, il squatte  les couloirs du Louvre où il fait copie sur copie. Sur ces entrefaites, il fréquente l’un de ses modèles et en 1894 devient père d'une petite Marguerite, ce qui ne l'empêche nullement de continuer ses recherches, de travailler en plein air en Bretagne comme les Impressionnistes.

           
La desserte, 1897 [1]                                                  Luxe, calme et volupté, 1904

Les doutes

Le jeune membre de la Société des Beaux-Arts n’hésitera pas à ruer dans les brancards en présentant en 1897 une Desserte (voir ci-dessus) aux tons jugés « trop blancs » pour les tenants de l'académisme. Il suis le chemin de William Turner, sans s’occuper des modes, de ce qu’il est séant de faire ou pas.

       
La plage rouge [4]                                                     La moulade

Sa vie personnelle aussi évolue : il se marie avec Amélie Parayre qui lui donnera rapidement deux fils. Cette nouvelle situation l’oblige à des compromis pour gagner sa vie, il s’essaie au divisionnisme puis accepte de participer à la décoration du Grand Palais.

                 
Le golfe de St-Tropez, 1904                     Les toits de Collioure, 1905

Il passe alors une période difficile, pensant même à abandonner la peinture, pensant avec désespoir à cette mer découverte pendant un voyage dans le sud, cette mer qu’il trouve  « bleue, bleue, si tellement bleue qu'on en mangerait. » !

               
La japonaise 1905               La femme aux yeux verts 1908         La fille qui lit 1905

Son bon génie lui fait rencontrer Paul Signac en 1904, qui aime beaucoup ses aquarelles et l’aide à exposer chez Ambroise Vollard, à participer au Salon d'automne. Il utilise alors la technique pointilliste de son ami dans des tableaux comme Luxe, calme et volupté en 1904 (voir ci-dessus) ou Port d'Avall en 1905 (voir ci-dessous). Il commence vraiment à être connu et à compter dans la profession.

    Portrait de famille 1911

Il va ensuite rapidement trouver sa voie dans le fauvisme dans des oeuvres comme ses célèbres vues de Collioure (voir ici quelques exemples) qu'il représentera avec son ami André Derain. [5]
S'ils peignent les mêmes sites, ce n'est jamais sous le même angle ni ensemble : le Voramar, le port d’Avall, la plage Saint-Vincent, le Morer – quartier des pêcheurs –, les criques de l’Olla et de Portells, le Racó

          
Vue de Collioure, 1907                                            Vue de Collioure, 1911

Un fauve parmi les fauves

Les Fauves, le mouvement dont il va devenir le chef de file, prônent plutôt un style épuré soutenu par l’emploi de couleurs pures et ça ne plaît pas à tout le monde. En 1905, on montre du doigt sa Femme au chapeau  où il a peint sa femme avec le visage vert. De là à penser que la toile n'est qu'un « pot de peinture jeté à la face du public… » !

     
Paysage à Collioure, 1906-07                                  Tulipes Parrot 1905

Les Fauves se sont intéressé à tous les genres de la peinture mais ils ont surtout représenté des paysages. De son côté, Matisse prisait plutôt les sujets paisibles et intemporelles, peuplées de figures nues et gracieuses, multipliant les combinaisons de couleurs, sans toujours s'en tenir aux couleurs primaires.

Mais il récidive avec des oeuvres de même facture comme Madame Matisse à la raie verte ou La Gitane (voir ci-dessus).

     
La danse (1909) et La musique (1910)

Matisse, qui fut considéré comme le leader du fauvisme, demeura fidèle à la lumière et à la couleur, même après la fin du mouvement qui intervint dans les années 1908-1910.
Désormais, comme on peut le voir dans La danse ou La musique, il va s'atteler à purifier sa facture et sa palette pour se consacrer à l'essentiel.


Collioure, Port d'Avall, 1905

Notes et références
[1] Voir aussi dans mon fichier Matisse au Cateau-Cambrésis : Rue d'Arcueil, version de 1898, autre tableau d'oliviers en 1905 et la desserte rouge de 1908.
[2]
Collioure, fenêtre ouverte, Analyse du tableau --

[3]  Madame Matisse à la raie verte, Analyse du tableau --
[4] À propos de ce tableau, Matisse précise : « Vous vous étonnez sans doute de voir une plage de cette couleur, en réalité elle était de sable jaune. Je me rendis compte que je l’avais peinte avec du rouge. Le lendemain j’essayais avec du jaune. Ça n’allait pas du tout, c’est pourquoi j’ai remis du rouge ».
[5] Il fera 5 séjours à Collioure en 1905, 1906, 1907, 1911, 1914

Mes fichiers sur Matisse
** Matisse le fauve -- Matisse au Cateau-Cambrésis -- Expo Matisse à Lyon --
Voir aussi

** Matisse fauve -- Sélection -- Jusqu'au fauvisme --

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