Flaubert, voyages en Suisse

                        

Le voyage de 1845

Après l’épisode de son évanouissement en janvier 1844 en revenant de Deauville avec son frère Achille, qui comme son père, est médecin, le 3 mars 1845, la famille célèbre le mariage de sa sœur Caroline avec Émile Hamard, un ancien camarade de Gustave au collège de Rouen.
Quelques jours plus tard, pour le voyage de noces, toute la famille Flaubert part pour entreprendre un voyage en Italie et en Suisse.

C’est à Gênes que Flaubert découvre un tableau qui sera un véritable choc : La tentation de Saint-Antoine. L’ermite tenté par le diable est pour lui une révélation, sujet qu'il reprendra dans une nouvelle dont l’ultime version ne sera achevée qu’en 1872.  Il parle « d’un ensemble fourmillant, grouillant et ricanant d’une façon grotesque et empêtrée. »

            Château de Chillon

Ils rejoignent la Suisse par le Valais à Martigny : « C’est la vraie Suisse verte, neigeuse au sommet, plantureuse dans la vallée » note-t-il, avant de se diriger vers Sierre située dans la haute vallée du Rhône en amont de Sion, « Sierre réputée pour être la ville la plus ensoleillée du pays, surnommée la "Cité du soleil" ».

         
Château de Fernay-Voltaire                            Château de Coppet

Ensuite, ce sera le Pays de Vaux, les rives du Léman, le château de Chillon et ses tourelles au bord du lac, bien connu surtout depuis la visite de Byron. Sur un pilier, il voit écrit le nom de Byron « dans le roc, de travers, une barre dessus dans toute la longueur comme si on avait voulu l'effacer [...] J’ai mis ma main sur mon cœur et je l’ai senti battre plus fort… »

           
Vue de Martigny                                           Vue de Sierre

Le périple se poursuit par Clarens, la maison de Mme de Warrens, l’amie de Rousseau. Mais la maison a disparu ; il est très déçu. Puis c'est Lausanne où rien ne lui plaît... sauf la jeune servante de son hôte, le docteur Mayor, « yeux noirs, cheveux noirs, air distingué, doux et tendre. » En route pour Genève, il s’arrête à Coppet visiter le château de Germaine de Staël où il peut admirer le fameux portrait peint par Gérard.

À Genève, un hommage à Rousseau s’impose : il va jusqu'à la petite île admirer sa statue : « Ce vieux Rousseau se tenait immobile sur son piédestal » écoutant un concert de cuivres. « Jai frissonné, ajoute-t-il, le son des trombones et des flûtes m'entrait jusqu'aux entrailles. »
Avant de regagner Rouen, il fait un petit crochet par Ferney-Voltaire, par un jour maussade et pluvieux. Le château est vide et triste. Flaubert imagine toute « cette belle vie remplie, cette existence si intellectuellement turbulente du XVIIIe siècle, Voltaire passant par sa chambre, ouvrant toutes ces portes. »

     Lucerne, le pont couvert

Le voyage de 1874

À l’été 1874, fatigué et dépressif, des ennuis familiaux ajoutés à ses déboires littéraires ont eu raison de sa santé. C’est donc pour se refaire une santé qu’il retourne en Suisse, au Righi (ou Rigi) près de Lucerne.

   Le pavillon de Croisset

Mais il ne goûte pas vraiment son séjour, les montagnes sont trop majestueuses et en cette saison, il y a trop de touristes. Il écrit à son ami l’écrivain Tourgueniev qu’il n’est pas « l’homme de la Nature… Les Alpes, c’est trop grand pour nous être utiles. » Il se sent aussi trop vieux pour se mesurer à la montagne.
Finalement, il repart chez lui à Croisset le 18 juillet, loin des montagnes, non sans un ultime crochet par Lucerne et Genève.

Mes fiches sur Flaubert
► Gustave Flaubert en Bretagne -- Le perroquet de Flaubert --
► Flaubert, de Déville à Croisset --
► Un automne de Flaubert -- Flaubert le normand --
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