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Frachet
10 août 2021

Daniel Cordier Alias Caracalla

Référence : Daniel Cordier, La victoire en pleurant : alias Caracalla 1943-1946, éditions Gallimard Témoins, Édition établie et annotée par Bénédicte Vergez-Chaignon avec la collaboration de Paulin Ismard et Yann Potin, juin 2021

En juin 2021, quelques mois après le décès de Daniel Cordier en novembre, son éditeur publie « La victoire en pleurant », second tome de ses mémoires de résistant, ouvrage qu'on peut considérer comme le véritable testament de l'ancien secrétaire particulier de Jean Moulin.
Son désir d'écriture est née de sa colère de constater les attaques dont était victime Jean Moulin, accusé d'avoir été un "cryptocommuniste", voire un agent bolchevique.

           

Après les 4 tomes de son immense biographie de Jean Moulin dont il a été le secrétaire, Daniel Cordier s'est attelé à raconter "sa" guerre, quand il prit le pseudonyme de Caracalla. La période qui nous intéresse ici va du lendemain de la mort de Jean Moulin en juin 1943 jusqu'en janvier 1946, date de sa démission de la DGER [1], due à l'affaire Passy. [2] Pendant ces deux ans et demie, Daniel Cordier a évolué du Paris occupé à l'Espagne, en passant par Londres, avant de revenir dans la capitale enfin libérée.

           
                                Daniel Cordier chez lui à Cannes en 2012

Ses activités sont en fait fort diverses, évoluant au gré de son parcours, d'abord le Résistant clandestin, le bureaucrate à Londres et à Paris, puis la diplomatie secrète en Espagne et collent en fait à l'histoire mouvementée des années 1943-1946. On est ainsi confronté aux conflits qui remuent la direction de la Résistance après la mort de Jean Moulin, aux idées contrastées des intellectuels vivant dans le Paris occupé de 1943-1944, dont il est amené à rencontrer des gens tels que Jean-Paul Sartre, Albert Camus ou Pierre Kaan.

Il participera avec Stéphane Hessel à la rédaction du livre blanc du BCRA [3], suivra le procès de Charles Maurras, lui l'ancien membre de l'Action française, assistera à la démission du général De Gaulle en janvier 1946 et aux discussions avec André Malraux et le colonel Passy sur cette question.

           

Au-delà de ces aspects publics, il renoue avec sa famille et ses amis passés eux aussi par l'expérience de l'Occupation et découvre la peinture au muse du Prado, ce qui va changer sa vie puisqu'il choisira, comme Jean Moulin (belle coïncidence !) de se lancer dans la vente de tableaux.

Cet essai-témoignage est d'abord une analyse de la situation de la Résistance française après la mort de Jean Moulin. Sur cette période, Bénédicte Vergez-Chaignon nous dit que « avec la création de l’Armée secrète, du Conseil de la résistance, les résistants avaient franchi une première étape mais restaient toujours en péril, coupés de Londres et d’Alger pour des raisons matérielles et donc très fragiles, à la merci des répressions ».

L'après-guerre n'est pas non plus à la hauteur des espoirs placés en lui. Cette "victoire en pleurant" est celle de la désillusion ambiante où Daniel Cordier ne reconnaît ni les milieux d'extrême droite dont il est issu, ni cette France de 1944 qui lui semble être devenue étrangère.

Notes et référence
[1] La DGER est l'ancêtre du SDECE, service du contre espionnage français, devenu depuis la DGSE.
[2]
 André Dewavrin alias le colonel Passy, chef du BCRA
[3] Le BCRA, Bureau central de renseignements et d'action, service gaulliste basé à Londres

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<< Christian Broussas, Cordier II, 10/08/2021 © • cjb • © >>
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