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Frachet
3 février 2021

Le pape Nicolas II

Les papes français sont en général mal connus et c’est fort dommage pour Nicolas II qui a eu un règne aussi court qu’important.

         

Son élection arrive à une époque où la papauté est en pleine confusion et où son avenir même est fort incertain. Du pape lui-même, on sait peu de choses, qu’il est né vers 992 dans la commune actuelle de Mercury près d'Alberville située dans la Combe de Savoie et qu’il se nommait Gérard (Gerardus) ou Gérald (Gérald ou Giroldus) et qui est resté dans l’histoire sous le nom de Gérard de Bourgogne.

On le rerouve quelques années plus tard chanoine à Liège où il étudie les textes anciens et déchiffre des manuscrits. Les laïcs dominent alors largement l'Église et l'empereur du Saint-Empire se considère l'égal du pape. Ce sont des intrigues constantes entre l'Empire, la papauté et les grandes familles romaines.

                                  
L’impératrice Agnès de Poitiers  Le pape Alexandre II           Le pape Étienne IX

Il fut un lettré au grand savoir, il quitte la Bourgogne envahie par Conrad II, l’empereur du Saint-Empire, pour se mettre au service du duc de Toscane. Protégé du duc, il devint évêque de Florence en 1045. C'est un homme énergique qui n'hésite pas à mettre de l'ordre dans les pratiques douteuses de certains religieux.

         
 Exemples de procès pour simonie

Son destin bascula quand des gens influents comme Hildebrand de Soana, bénédictin toscan conseiller de plusieurs papes, vinrent le trouver après l’assassinat du pape Étienne IX [1], qui voulait réformer la papauté, pour rétablir le pouvoir papal à Rome. Entre temps, un nouveau pape avait été imposé par la faction conservatrice de Tusculum. Hildebrand et Godefroy le Barbu prirent les devants et marchèrent sur Rome avec Gérard pour renverser le nouveau pape Benoît X. Gérard de Bourgogne fut couronné pape à Sienne en 1058, le jour de la saint Nicolas, sous le nom de Nicolas II.

              
                           Nicolas II couronne Robert Guiscard         Robert Guiscard

Avec la bénédiction de l'impératrice Agnès, régente du Saint-Empire à la mort de son mari l'empereur Henri III [2], Nicolas II et Hildebrand, sous bonne escorte, marchent sur Rome. Pour se rendre maître de Rome, il obtint le soutien des princes normands du sud de l’Italie, Richard Ier et Robert Guiscard et leur appui pour contrer l’emprise de l'Empire, remettant l’élection du pape à un collège de cardinaux, même si l’empereur gardait un droit de confirmation. (décret du 13 avril 1059)

                              
L’antipape Benoît X          Les laïcs dans l’église du IXe siècle    La réforme grégorienne

Son court pontificat (1058-61) fut particulièrement fécond. Son souci fut d’abord de combattre l’influence du Saint-Empire. Il débuta en affranchissant la papauté de la tutelle impériale et réforma largement les pratiques ecclésiastiques : combattit le nicolaïsme (prêtres mariés et concubinage) et initia ce qu’on a appelé la réforme grégorienne interdisant la simonie ( transactions financières visant  des avantages ecclésiastiques).

Il interdit la nomination des évêques sans l'autorisation papale et décida aussi que les chanoines reviennent à une discipline plus stricte, en imposant les repas en commun et la nuit au dortoir.

            
Relations interdites au moyen âge                                           Icône de Nicolas II

Cette politique audacieuse de réformes fut poursuivie par ses successeurs Alexandre II puis Hildebrand de Soana, principal soutien de Nicolas II, qui devint pape à son tour en 1073 sous le nom de Grégoire VII.

Notes et références
[1] En 1057, le prince Frédéric de Lorraine, abbé du Mont-Cassin et frère de Godefroy II duc de Toscane, est élu pape à l'insu du pouvoir impérial, sous le nom d'Étienne IX. Favorable à  l'indépendance de l'Église face au pouvoir impérial, il est assassiné huit mois après son élection.
[2] Agnès de Poitiers épouse en 1043 l'empereur germanique Henri III le noir. Veuve en 1056, elle assure la régence du Saint-Empire romain germanique jusqu'à la majorité de son fils Henri IV le Grand en 1062.
Après la mort de Nicolas II, elle fera élire un anti-pape Honorius II contre Alexandre II, le successeur de Nicolas II. S'ensuit un bras de fer entre le pape et l'empereur pour la nomination des évêques; c'est la querelle des Investitures

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