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Frachet
22 décembre 2020

L’abstraction lyrique

Ce terme assez abscons d'abstraction lyrique recouvre un mouvement pictural qui naît juste après la guerre en 1947, en réaction à toute la tradition cubiste et géométrique apparue vers 1907 des travaux de Picasso et de Braque.

       
De 1945 à 1956 : Bissière, Estève, Hartung, Manessier, Soulages, De Staël, Zao Wou-Ki, Mathieu, Veira da Silva, Poliakoff

Expression antinomique au premier abord où l'abstraction représente tout ce qui est non figuratif et lyrique le rejet de toute construction a priori, l'important mis sur l'intuition, le geste libératoire qui refuse toute théorisation.  On le voit fort bien dans l'évolution d'un Picasso qui, sans se rattacher à cette école picturale, est parti d'une structuration du tableau avec le cubiste pour finir par donner libre cours à son imagination, au geste inné pour rejoindre l'esprit de l'enfant enfoui dans l'adulte.

   
Georges Mathieu Torque 1965                     Hans Hartung Estampes L1970-2

L'abstraction lyrique est partie d’artistes pratiquant l’art abstrait et la liberté dans leur pratique. Sans évoquer les précurseurs, ce sont des artistes comme Hans Hartung dès 922 et Camille Bryen en 1936, prônant une « liberté plastique » utilisant des procédés de projection et de brossage, notamment Georges Mathieu, André Masson, Nicolas de Stael, Pierre Soulages, Jean Messagier, Zao Wou-Ki ou Olivier Debré.

   
Kandinsky 1ère aquarelle 1910          Pierre Aléchinsky L'inconditionnement humain 1970

Il concerne toutes les formes d’abstraction, s'opposant par là-même à l’attraction géométrique ou constructivisme, mettant l'accent sur l’expression directe et la traduction d'une émotion, exprimant quelque chose d'intime qu'ils cherchent faire surgir de l'œuvre.

           
Henri Michaux Le Cri           Kenneth Nolan Bridge, 1964    Mark Rothko Multiform 1948  

Les peintres de cette mouvance se sont approprié ces principes généraux pour donner naissance à plusieurs courants importants. Tous s'inspirent beaucoup des cultures primitives, de la calligraphie orientale ainsi que de l’art préhistorique et médiéval.

         
Karel Appel Paysages humains

La plus connue est sans doute L’expressionniste abstrait ou Action Painting représentée par Jackson Pollock, De Kooning, Hans Hofmann ou les français Georges Mathieu et Jean-Paul Riopelle. Ils mettent plutôt l'accent sur la couleur et les impulsions, qu'elles soient physiques ou psychiques.

     
André Masson L’âme  de Napoléon      Nicolas de Staël Le parc des princes 1952  

Le tachisme dont Hans Hartung est le précurseur, privilégie le geste qui donne vie à la figure représentée, sous des formes qui se rapprochent de la nature ou décrivent des formes spontanées de projections de peinture. Ce courant refuse toute préparation préalable, quelle soit formelle ou spatiale pour privilégier la spontanéité et puissance de concentration.

         
Olivier Debré,  Figure rouge 1962          Serge Poliakoff Composition abstraite 1967

Le mouvement Cobra regroupe des artistes comme Asger Jorn, Karel Appel, Pierre Alechinsky ou Arton Constant.
L'un de ses leaders Karel Appel disait :
« Un tableau n'est plus une construction de couleurs et de traits, mais un animal, une nuit, un cri, un être humain, il forme un tout indivisible. »

         
Alfred Mannessier  Pêche au matin 1965        Jackson Pollock Number 17, 1949

Le courant du Color field painting est représenté par des artistes comme Mark Rothko, Clifford Still, Adolph Gottlieb ou  Morris Louis est centrée sur la couleur brute étalée en grandes étendues supprimant toute profondeur, cette couleur « est libérée du contexte objectif et devient le sujet lui-même. »

                
Maria-Helena Vieira da Silva Le jeu de cartes 1937    Jean-Pierre Riopelle Lances 1958

Le courant français se regroupe dans ce qu'on a appelé La Nouvelle Ecole de Paris dont les principaux représentants sont Jean Bazaine, Albert Gleizes, Bissière, Estève, Maria Helena Vieira da Silva, Nicolas de Staël. Très influencés par le cubisme de Picasso, ils se tournent ensuite vers l'abstraction tout en préservant la composition et en réintroduisant parfois des éléments de figuration dans leurs tableaux.

         
Maurice Estève Joueuse de diabolo 1930      Victor Vasarely Sin Hat 33, 1972-73   
Albert Gleizes Au port 1917

A partir des années soixante, le mouvement va avoir tendance à se fractionner dans "L'arête dure (Hard edge Peinting) avec des peintres comme Franck Stella, Ellsworth Kelly qui repartent du courant des Color Field Peinters, privilégiant une approche complètement libérée de toute référence.
Il donnera naissance au Op Art avec Vasarely, Kenneth Nolan, à la Peinture gestuelle avec Degottex et Olivier Debré et la Peinture aléatoire de Hantaï et Henri Michaux.

   
Franck Stella Feneralia 1995   Bazaine Plongée 1984         Roger Bissière Thermidor 1960 

L'expressionnisme est alors délaissé triomphant des années 50. Le formalisme pur définit par Clément Greenberg qui disait que "L'art ne doit renvoyer qu'à l'art et le tableau ne parler que du tableau", va aboutir à une abstraction reposant d'abord sur une approche esthétique.

       
Asger Jorn Kiotosmorama, 1969           Clyfford Still 1957-J N°.1 (PH- 142)

Voir aussi
* Vasarely à Pompidou -- Expo Hans Hartung -- Expo Bourg : Femmes peintres --
* Expo Lyon, Formes et Couleurs -- Expo 2019, Musée de Lodève --
* Evian : Expressionnisme allemand -- L'école russe de Vitebsk --

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