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Frachet
19 novembre 2020

Georges Minois Charles Martel

Référence : Georges Minois Charles Martel, édition Perrin, 400 pages, novembre 2020

      

Les ouvrages sur Charles Martel (718-741) et son époque sont assez rares pour susciter l’intérêt. Celui de Georges Minois remet bien les choses en place et s’inscrit dans la continuité d’un précédent ouvrage publié en 2010 et consacré à son petit-fils Charlemagne.  Il y rappelle que c’est Charles Martel qui a expédié le mérovingien Childéric III dans un monastère, assurant ainsi la couronne à son fils Pépin le Bref et initiant la dynastie des Carolingiens.

Charles Martel à la bataille de Poitiers en octobre 732 par Charles de Steuben

Sa fameuse victoire contre les arabo-musulmans de Abd el-Rahman à Poitiers, en 732 [1], est à peu près tout ce qui reste de lui dans la mémoire collective, lui qui a pourtant occupé le pouvoir comme maire du palais pendant une longue durée, de 718 à 741. On peut se poser la question de savoir si la bataille en elle-même est une simple bataille sans conséquences cruciales ou qui a permis de bouter les islamistes hors d’Europe.

        
Charles Martel par Joseph de Bay et au siège d’Avignon

Son rôle historique est d’abord d’avoir fait le lien (en douceur) entre la dynastie finissante des Mérovingiens et celle des Carolingiens.  Charles Martel, ce "roi sans couronne" est avant tout un chef de guerre qui a remporté de nombreuses victoires mais il sut également s’entendre avec les missionnaires et avec le pape. Ceci en fit le prince le plus puissant de son époque, protecteur du monde franc et rempart de la Chrétienté.

       
Charles Martel partage son royaume entre ses fils Carloman et Pépin
Son gisant dans la cathédrale Saint-Denis

Après avoir réunifié la Gaule, Charles Martel s'intéresse à l'avance musulmane dans l'Ouest de l'Europe, qui l'inquiète tout particulièrement. Les musulmans ont déjà conquis la péninsule ibérique (711-726), franchi les Pyrénées et se sont emparés de la Gaule narbonnaise [2], dépendance des Wisigoths. Ils remontent ensuite vers Tours, alors appelée « la ville sainte de la Gaule ». En octobre 732, c'est la bataille décisive entre l'armée omeyyade de Al-Ghafiqi et les armées franques et aquitaines [3] entre Tours et Poitiers, qu'on connaît sous le nom de bataille de Poitiers, qui stoppe net la dernière des grandes invasions arabes dans le royaume.

Les forces musulmanes refluent, les francs reprenant aussi Agde, Béziers et Maguelone vers Montpellier sans toutefois parvenir à reprendre toute la Narbonnaise wisigothe. Cette guerre à peine terminée, il se portera sur la frontière est, contrôlant la Bavière, l'Alemania et la Frise.

Charles Martel fut aussi un excellent gestionnaire, renforçant le système féodal. Il défendit le siège du pape Grégoire III menacé par les Lombards. Comme c'était la coutume, il partagea le royaume entre ses deux fils Pépin le Bref et Carloman, mais ce dernier fut éarté en 747 et dès lors, Pépin le Bref régna seul et se fit couronner roi en 751.

Notes et références
[1] Voir Salah Guemriche, Abd er-Rahman contre Charles Martel : la véritable histoire de la bataille de Poitiers, éditions Perrin, 2010, 310 pages
[2]  La Gaule narbonnaise correspond à la province du Languedoc qui se prolongerait à l'est jusqu'aux Alpes
[3] Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes : 418-781, naissance d'une région, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, 1979, 776 p

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