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Frachet
27 septembre 2020

Nicolas Le Roux, Portraits d'un royaume, Henri III

Référence : Nicolas Le Roux, Portraits d'un royaume, Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (1547-89), éditions Passés composés, 388 pages, septembre 2020

             
                                                      Henri III et sa mère Catherine de Médicis

C’est peu de temps après le début du règne de Henri III qui le terme Mignons se répand. Pierre de L’Estoile y voit des personnages efféminés, aux coiffures extravagantes, des oisifs naviguant dans le sillage du roi.
Cette réputation, si elle repose sur certains fondements, a largement été propagée par les Bourbons, à commencer par Henri IV, qui avait tout intérêt à asseoir sa légitimité en diabolisant leurs prédécesseurs.

       
Le roi Henri II                   Le roi Charles IX            Le roi Henri IV

Des historiens ont eux aussi à leur tour propagé des faits déformant la réalité, la mauvaise influence qu’ils exerçaient sur le roi Henri III, comme Victor Duruy dans son Histoire de France, Pierre Larousse qui en donne une image purement négative et même 30 ans plus tard, l’Histoire vue par Ernest Lavisse.

                  
Le duc d'Anjou, futur Henri III    Portrait de François Clouet

Il a fallu le vingtième siècle pour que les historien s’intéressent vraiment à Henri III et voient en lui un roi raffiné porteur d’objectifs politiques et culturels. Partant de l’idée de signification de la faveur,  ce livre tente de comprendre les clés de la relation entre le pouvoir royal et la noblesse. Brantôme a bien montré que les règnes de François 1er et de Henri III ont été marqué par l’instabilité. Les Mignons sont autant ornements du pouvoir que de véritables  symboles de puissance.

         
Durupt : Henri III poussant du pied le cadavre du duc de guise
Bal à la cour d’Henri III

Si au temps de Charles IX l’entourage de sa mère Catherine de Médicis  domine, sous Henri III, ce sont plutôt ses amis de jeunesse parmi lesquels les ducs de Joyeuse et d’Épernon joueront un rôle important.
Ces hommes évoluent vraiment au cœur de l’État. S’ils sont un relais entre la cour, la société et le roi, ils sont aussi un écran qui privilégie l’image du prince. La faveur de définit ainsi comme un pouvoir informel reposant sur un lien  affectif, symbole de la volonté du prince.

               
Le duc de Joyeuse                       Bussy-Périgord                    Le duc d’Épernon

Dans une cour vivant de connivences comme de rejets, le favori en représente le point de fixation, le privilège absolu vecteur de jalousie. À la lumière de cette tranche d’histoire, on pourrait écrire l’histoire de la faveur, du népotisme au copinage. Les jalousies qui se font jour à la cour et la course au bon vouloir du souverain donnent aux témoignages un relief particulier, très instructif pour l’historien.     
                                    Les 3 frères, François II, Charles IX et Henri III

Jusqu’au milieu du XVIème siècle, la cour est un lieu où la haute noblesse a le pouvoir de discuter les modalités de sa participation au fonctionnement de l’État. Le duc de Montmorency  a été l’élément moteur de ce système politique.  Le duc de Guise et Diane de Poitiers complétèrent le tableau. Trois événements vinrent bouleverser cette structure pourtant ancienne : Le traité de Cateau-Cambrésis signé avec l’Angleterre et l’Espagne ainsi que la mort accidentelle d’Henri II en 1559, suivie 3 ans plus tard par le début des guerres de religion.

       
                                         Le traité de Cateau-Cambrésis 1559

Ce livre a aussi pour objectif de dresser un bilan de la faveur royale à partir du règne d’Henri II en 1547 où la faveur est d’abord une relation à la noblesse et à la reconnaissance de son rôle. Les guerres de religions qui débutent en 1562 vont tout remettre en cause. Les années 1580 vont  centrer la faveur sur une élite restreinte qui sera finalement victime d’une société de plus en plus radicalisée.
Finalement, les figures du courtisan et du favori procèdent de la formation de l’État concourent à l’évolution vers la monarchie absolue.

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