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Frachet
18 juin 2020

Dominique Lormier, 1940 : Les causes de la défaite

Référence : Dominique Lormier, Les causes de la défaite, mai-juin 1940, éditions du Rocher, 222 pages, mai 2020

         
                                             Dominique Lormier en 2016


L’historien Dominique Lormier est un excellent spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance. Ses nombreux ouvrages ne se comptent plus sur la France aux temps de la guerre et de l’Occupation mais citons quand même les "Nouvelles histoires extraordinaires de la Résistance" ou "Les Grandes affaires de la Libération", plus spécifiques sur la Gestapo [1], les crimes nazis, les 100.000 collabos, les opérations commandos, les batailles de Bir Hakeim, de Gaulle intime et méconnu, les vérités cachées de la guerre ou comme son dernier livre présenté ici et centré sur les causes de la défaites.

               

Cet ouvrage offre l'intérêt de reposer sur des documents et des témoignages inédits, réfutant quelques idées toutes faites sur cette époque.
A la lumière du travail des historiens, on peut dire que la France et la Grande-Bretagne pouvaient difficilement gagner la guerre en 1940 Même (et a fortiori) si on reconnaît le comportement héroïque de l’armée française à cette occasion. [2]

Le temps était passé où elles auraient pu réagir à l'impérialisme germanique en 1938 au lieu de signer les accords de Munich. Après, il était bien tard.

Même si Vichy a mené une politique antisémite, aussi bien dans son arsenal juridique que dans les faits en aidant les Allemands dans la mise en oeuvre de leur politique, et que certains Français par simple opportunisme ou par conviction politique soient devenus des collabos, la majorité des Français n'a jamais été ni antisémite ni collaborationniste.

             

La Résistance française n'a jamais prétendu repousser l'envahisseur à elle toute seule mais elle a joué un rôle moteur au temps du débarquement le 6 juin 1944 en retardant par ses actions de harcèlement le repli allemand vers la Normandie, permettant aux Alliés de consolider leurs têtes de pont, de continuer à débarquer hommes et matériels pour commencer dans de bonnes conditions la bataille de Normandie.
Même si la logistique et le matériel américains ont joué un rôle fondamental dans la préparation du 6 juin 1944, on ne peut pas soutenir que le débarquement et la bataille de Normandie sont avant tout des victoires américaines. La réalité est beaucoup plus complexe.

               

Fascisme et nazisme ne sont pas du tout synonymes et l'Italie de Mussolini [3] n'a jamais appliqué sans états d'âme ou pas, l'idéologie nazie, en particulier sa politique antisémite. L'auteur ne rappelle-t-il pas aussi que Churchill n'a jamais caché son admiration pour Mussolini ?
Revenir sur ce genre d'idées véhiculées trop fréquemment est vraiment indispensable pour éviter une sous-information qui facilite des jugements à l'emporte-pièce.

               

Voilà pour quelques idées touts faites sur la Seconde guerre mondiale. Pour ce qui concerne les causes de la défaite, référons-nous d'abord au livre d'Éric Vuillard, "L'ordre du jour" où l'idée qui s'est imposée d'une percée irrépressible de l'armée allemande en mai 1940 est largement surfaite.  

Il rappelle la curieuse panne d'essence des Panzer lors de l'Anschluss. L'avance immobilisée parce que les blindés étaient à cours d'essence, voilà qui est cocasse et que la censure se chargera de nier comme la propagande d'en donner une toute autre image.

Dominique Lormier aborde plusieurs autres questions comme le rôle de la gauche dans la Résistance et celui de la droite dans la Collaboration, les batailles de Bir-Hakeim et des Glières ou les mythes qui se rapportent au gaullisme.   
Si l'auteur revisite avec intérêt tous ces événements, il est plus à classer, selon le site historique Grégoire de Tours « dans les grands compilateurs que dans les chercheurs maniant les archives » ajoutant que on est en présence « d’un bon ouvrage vulgarisateur qui met en exergue quelques faits peu connus de ce conflit. »

              

Notes et références
[1] Voir Dominique Lormier, La Gestapo et les Français, éditions Pygmalion-Gérard Watelet, 301 pages, janvier 2013
[2]
 Voir en complément le déroulement des opérations dans La bataille de France et la défaite ainsi que le livre de Dominique Lormier,"La bataille de Stonne", Ardennes 1940, éditions Perrin, 196 pages, mai 2010
[3] Voir l’ouvrage "
Les Italiens sur le front de l'est - Juillet 1941-mars 1943" de David Zambon paru aux éditions Lemme, collection Illustra, 1115 pages, août 2019

Voir aussi mes fichiers sur la Seconde guerre mondiale
* Éric Branca, Les entretiens oubliés d'Hitler et De Gaulle et les Grands --
* Éric Vuillard, L'ordre du jour -- Rosella Postorino La goûteuse d'Hitler --
*
Dorothy Thomson, J'ai vu Hitler -- M. Onfray, Le canari du nazi --
* Stephen Bourque, Au-delà des plages -- De Wagner à Hitler --
* La Résistance à Lyon --

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