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Frachet
5 avril 2020

Jean-Jacques Rousseau à Chambéry

    Les Charmettes, le perron de l'entrée

Se promener dans Chambéry sur les pas de Rousseau permet de découvrir le portrait surprenant d'un Rousseau musicien et professeur de solfège pour jeunes filles de bonne famille ou de parcourir des lieux inédits comme ces impressionnantes « allées » de Chambéry.

Il en a dit du bien dans le Livre V des Confessions : « S’il est une petite ville au monde où l’on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c’est Chambéry. […] Les femmes sont belles, et pourraient se passer de l’être ; elles ont tout ce qui peut faire valoir la beauté et même y suppléer. »

       
                                                            L'immeuble du 13 rue de boigne

Sa protectrice madame de Warens, née en 1699, s'est mariée à quatorze ans avec un officier qu’elle quitte assez vite et se convertit au catholicisme, y espérant une promotion sociale. Effectivement, le roi de Sardaigne lui garantit bientôt toit et pension pour qu’elle accueille des protestants suisses émigrés.

Elle y reçoit Jean-Jacques Rousseau en mars 1728 pour la première fois, pendant deux jours chez elle à Annecy [1]. Il a quitté Genève sur un coup de tête, trouvant un soir les portes de la ville fermées, ils est parti à l'aventure.  Il est ensuite hébergé dans un couvent à Turin mais il ne tient pas en place. Mme de Warens l'éberge de nouveau à Annecy en 1729 puis il entre au séminaire, s’en échappe et part à Lyon.

De son côté, Mme de Warens décide de s’installer à Chambéry, dans la cour du 13 rue de Boigne, où il la rejoint à l’automne 1731. C'est un lieu sombre et triste loué à M. de Saint-Laurent, trésorier du roi, dont elle s’assure ainsi la protection.

            
Sa statue à Chambéry                       Les arcades de la rue de Boigne

Rousseau trouve un emploi aux services du cadastre, dans une dépendance du château aujourd’hui disparue mais il quitte son emploi en juin 1732, préférant se consacrer à la musique. Il doit ses élèves, des  jeunes filles de bonne famille, grâce à l’entregent de Mme de Warens. Il s'ouvre ainsi les portes de la bonne société chambérienne, toujours grâce à sa protectrice et à son amant Claude Anet.

Rousseau aimait se promener, rêveur solitaire, aussi bien à la ville qu'à la campagne et à Chambéry, il le faisait volontiers pour aller visiter ses élèves. La plus proche, Melle de Mellarède, résidait à l’hôtel Dieulefils, 122-128 place Saint-Léger où on accédait par une petite allée partant de la cour du 13 rue de Boigne [2].

              
Estampe Rousseau herborisant                         La place Saint-Léger

En fait, ses élèves habitaient autour de la place Saint-Léger, Melle de Challes l’hôtel de Cordon au 71 rue Saint-Réal, donnant sur la cour du 13 rue de Boigne, Melle Costa de Beauregard à l’hôtel Costa qui s’ouvre à la fois sur le 106 rue de la Croix-d’or et le 85 place de la Métropole, Mlle Lard 10 rue de la Trésorerie et Melle de Menthon rue de la Juiverie. [3]

     
 Les Charmettes, chambre de Jean-Jacques et chambre de "Maman", mme de Warrens

En 1736, ils finiront par s'installer dans un domaine, situé sur les hauts de Chambéry, Les Charmettes où Rousseau résidera jusqu'en 1742. La maison est actuellement classée aux monuments historiques et labellisée en tant que Maison des illustres. Rousseau écrit dans Les rêveries d'un promeneur solitaire : « J'engageai "Maman" à vivre à la campagne. Une maison isolée au penchant d'un vallon fut notre asile, et c'est là que dans l'espace de quatre ou cinq ans j'ai joui d'un siècle de vie et d'un bonheur pur et plein... »

Effectivement, après des années de difficultés et d'errance, il trouvera dans ce lieu la quiétude à laquelle il aspirait et un véritable havre de paix, situation qu'il ne retrouvera plus jamais par la suite.
           
Les Charmettes, le salon de musique                            Une pièce du rez-de-chaussée

Notes et références
[1] "La maison se trouvait à l’emplacement actuel du grand escalier de l’Ecole nationale de musique et de danse, au numéro 10 de la rue Jean-Jacques Rousseau"
[2] De la place Saint-Léger partent plusieurs de ces passages parfois couverts, à l’arrière des maisons, où on dirait que le temps s'est arrêté.
[3] On peut repartir sur les traces de Rousseau à Chambéry en se connectant au site de Chambéry Tourisme --

Voir aussi
Document utilisé pour la rédaction de l’article - Rousseau à Chambéry, Chronologie --
Document utilisé pour la rédaction de l’article - J. J. Rousseau aux Pâquis à Genève, J. J. Rousseau à Lyon et à Chambéry --

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