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Frachet
13 février 2020

Expo Edward Hopper Grand Palais

Rétrospective au Grand Palais

   Autoportrait vers 1928

La Rétrospective organisée au Grand Palais, qui présente un bel ensemble des œuvres d’Edward Hopper (1882-1967), considéré comme l’un des principaux peintres américains du XXe siècle, représente une belle réussite.

Les  tableaux de Hopper, c’est d’abord  le regard particulier que l’artiste a porté sur la société de son époque. S’il a débuté comme illustrateur, il est aujourd’hui connu pour une œuvre aux couleurs diffuses qui jouent sur les contrastes d’ombre et de lumière, dominée par ses personnages aux regards incertains, qui semblent enfermés dans leur monde intérieur, ses immenses paysages naturels et urbains de l’Amérique.

      
Personnages dans le soleil 1960                                     Deux comédiens 1966

L’exposition offre une large perspective du travail de l’artiste, des différentes facettes de sa peinture avec des aquarelles et des huiles des années 1910 aux années 1960 et surtout des œuvres provenant du Whitney Museum of American Art, de New York, qui dispose de la plus importante collection mondiale de tableaux du maître.

     
Summertime 1943                              Nighthawks (Les oiseaux de nuit), détail, 1942

Le Grand Palais a choisi comme couverture de l’exposition la célèbre toile peinte en 1942 Nighthawks (Les oiseaux de nuit) où l’on voit une femme, deux hommes et un serveur dans un bar très éclairé, dans un coin de rue. Cette toile, maintes fois représentée sous toutes les formes et dans tous les formats, emblème de la ville de New-York, a en partie éclipsé la richesse de son œuvre que l’on retrouve avec plaisir dans cette exposition.

   
House at dusk 1935                                          Une chambre à New York 1932

On peut y voir aussi un court métrage en 3D réalisé pat le grand metteur en scène allemand Wim Wenders, le réalisateur de Les ailes du désir, intitulé Deux ou trois choses que je connais sur Edward Hopper (Two or Three Things I Know about Edward Hopper).

On dit de lui qu’il réussit à entrer dans notre vie quotidienne, un coin de rue assez désert, la station-service du tableau Gas de 1940 ou ces intérieurs faits de personnages qui semblent tournés sur eux-mêmes. On dit aussi souvent que ces peintures ont « l’évidence des images d’Épinal ». où la construction mentale se combine avec l’émotion pour susciter l’ambivalence voulue par Hopper pour permettre des interprétations personnelles ou même contradictoires.  

     
        Gas (pompe à essence) 1940                                 Conférence de nuit 1949


Parmi ses thèmes favoris, on peut aussi citer les maisons et les bars, les phares et les bateaux, des vues intérieures de logements, d’hôtels ou de cinémas. Ses personnages semblent souvent porter le regard hors de la toile, comme si le sujet, ce que voulait signifier le peintre,  n’apparaissait pas immédiatement dans le tableau, qu’il faille chercher au-delà de ce que montre le tableau.

L’approche formelle de Hopper n’a guère d’équivalent à son époque mais il a largement influencé ses contemporains  et entretient une relation étroite avec le cinéma, inspirant des films comme La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock (1959), Paris, Texas de Wim Wenders (1984) ou Danse avec les loups de Kevin Costner (1990).

     
Second Story Sunlight (détail)                Second Story Sunlight (Soleil au balcon) 1960

Edward Hopper, AUTOMAT, 1927

Il s’agit d’une huile sur toile datant de 1927, conservée au Des Moines Art Center, dans l’Iowa qui représente une femme, seule à l’intérieur d’un "automate", cafétéria américaine contenant des distributeurs automatiques. Son regard se perd dans sa tasse de café avec derrière elle, une immense fenêtre où se reflètent des néons.

La femme arrive-t-elle ou part-elle : elle es vêtue d’un manteau vert, d’un chapeau marron jaune et, plus curieux,  elle n’a qu’une main gantée. C’est une scène nocturne comme semble l’indiquer la noirceur du ciel. On y sent une grande solitude avec son air absent, une chaise vide en face d’elle, une absence de mouvements aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, une lumière froide qui contraste avec la noirceur du reste, des automates à la place d’une relation humaine.

Certains y voient une critique de la société de consommation, un sentiment de spleen et de mélancolie ou peut-être aussi une représentation onirique, fruit du monde intérieur de Hopper. On peut comparer ce tableau à Shop Suey peint l’année suivante, plus coloré avec le bleu de l’extérieur et le rouge de l’enseigne lumineuse et  les deux femmes qui semblent discuter.

         
Automat 1927                                                                    Shop Suey 1928

TECHNIQUE ET INTERPRÉTATION

L’impression qui se dégage de ses toiles est étrange avec ses paysages vides, ses personnages isolés, retirés dans leur propre sphère où même les paysages ensoleillés dégagent une impression e mélancolie. Les éléments sont structurés dans un univers rigoureux avec des façades, des trottoirs, des toits qui représentent des lignes verticales et horizontales, les cimes des arbres tracent une droite, et les corps sont comme englués dans ce décor.

   
Ses chefs d'oeuvre                        Hopper par Thierry Grillet

Sa technique ne changera guère d'Hotel Room en 1931 à New York Office en 1962, que ce soit les extérieurs ou les espaces clos. Cette vision géométrique avec ses lignes et ses angles rejoint l’évolution d’une société dominée par les sciences exactes, les chiffres, des parallèles et des proportions, « Hopper annonce la rigueur ultramoderne du minimalisme new-yorkais. »

    
Jeune fille à la machine à écrire 1921         Chambre d'hôtel (Western motel) [détails]

Les couleurs sont réparties en stries continues coexistant avec des zones plus claires de néon ou de soleil, les personnages étant souvent creusés d’ombres, parfois même déshumanisés, réduits à leur côté fonctionnel, « l'ordre social étant aussi strict que la géométrie des villes. »

Vers la fin de sa vie, Hopper va s’orienter vers des œuvres moins descriptives, aux titres assez mystérieux comme Excursion into Philosophy, Sun in an Empty Room, Second Story Sunlight, plus parlantes en somme mais qui ne seront pas forcément comprises de ses contemporains.
   
Soir bleu 1914

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<< Christian Broussas, Edward Hopper 13/02/2020 © • cjb • © >>
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