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Frachet
6 février 2020

Amin Maalouf, Le naufrage des civilisations

Référence : Amin Maalouf, Le naufrage des civilisations, éditions Grasset, 336 pages, décembre 2019, Prix Aujourd'hui 2019

               

Amin Maalouf, un homme de conviction et… de prédictions. Petit rappel : il s’est inquiété le premier de la montée des Identités meurtrières puis dix ans plus tard, du Dérèglement du monde. Il pense maintenant que c’est la civilisation qui est en jeu.
L’Amérique apparaît à beaucoup de moins en moins crédible et l’Europe n’a plus l’aura pour être une référence morale. Pour le monde arabo-musulman, c’est encore pire, ensemble qui noie son désespoir dans les guerres intestines et le terrorisme.

        
Avec sa femme Andrée

Quant aux nations émergences qui se gobergent de leur rôle grandissant, de leur récent pouvoir, la Chine, l’Inde ou la Russie par exemple, ils ont allègrement endossé le costume de la mondialisation, le chacun-pour-soi et la loi du plus fort. Dans ces conditions, quid du climat, de l’environnement ou de la santé qui vont pourtant peser de plus en plus sur l’avenir de la planète, surtout si la solidarité n’arrive pas finalement à s’imposer.

Même s’il se veut parfois un peu plus optimiste, à travers son récit, son expérience et ses réflexions, il décrit les dérives qui risquent de conduire cette fois à des situations inextricables qui marquent "le naufrage des civilisations".

            

Selon Amin Maalouf, tout a commencé au Levant, ce bout d’Asie en Méditerranée.  L’événement initiateur dont il fait allusion, c’est la guerre israélo-arabe de juin 1967. Ce fut non seulement le traumatisme de la défaite, mais un coup asséné au nationalisme arabe qui va s’exacerber et s’incarner dans l’islamisme politique. « C’est à partir de ma terre natale que les ténèbres ont commencé à se répandre sur le monde. »
Et que tout a commencé.

               

Car 1979, c’est aussi et surtout en décembre, l’entrée en Afghanistan des troupes soviétiques « contre lesquelles le jihadisme moderne allait mener sa guerre fondatrice ». Même s’il prend des précautions, l’écrivain voit approcher des lendemains qui sont loin de chanter, « une longue période de tumultes, émaillée d’attentats, de massacres et d’atrocités diverses ».
Le pessimisme et la méfiance se généralisent.

Au-delà de ces deux guerres et la révolution Islamique en Iran, il pense que d'autres phénomènes ont joué un rôle majeur, en particulier  l'élection de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan qui marquent la fin de l'intervention de l'état dans l'économie avec le tromphe du libéralisme et la prééminence de l'égoïsme.

        

Désormais, écrit-il, « aucun pays, aucune institution, aucun système de valeurs ni aucune civilisation ne semble capable de traverser ces turbulences en restant indemne ». Il répugne à penser que l’humanité restera sans réactions face à cette situation.
De toute façon, le salut ne pourra venir que d’un rejet de nos « conceptions tribales de l’identité, de la nation ou de la religion » et de cet « égoïsme sacré » qui ruine l’avenir.

Selon Amin Maalouf, le problème central est celui de l'identité. Pour que les gens aient une image favorable d’eux-mêmes, ils doivent assumer les différents éléments qui forment leurs appartenances. Là se situe le nœud du problème et pour le résoudre, il faut faire en sorte que les gens puissent tisser des liens de solidarité entre eux pour pouvoir se référer à une appartenance commune à une entité comme la nation où on peut véritablement se sentir citoyen.

         

Voir aussi
* Daniel Cohen, Il faut dire que les temps ont changé --
* Olivier Guez, Le siècle des dictateurs --
* Régis Debray, Civilisation et Du génie français --
* Thomas Picketty, Capital et idéologie --

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