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Frachet
16 janvier 2020

Correspondance Camus Guilloux

Albert Camus : 60 ans déjà

« Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible.»
L’été, Retour à Tipasa, 1952

                    

À l’occasion du centenaire de la naissance d’Albert Camus en 2013, j’avais rendu compte de cette correspondance entre Albert Camus et Louis Guilloux. J’y reviens dans cette fiche spécifique, à l’occasion de la parution de cette correspondance en livre de poche pour marquer cette fois le soixantième anniversaire de sa disparition le 4 janvier 1960 dans un accident de la route.

Au cours de cette année où seront organisées des manifestations pour lui rendre hommage, on s'apercevra que son œuvre et ses idées sont toujours aussi "actuelles" (sans jeu de mot) [1], son humanisme et son éthique, la constance de ses engagements représentent plus que jamais autant de réponses aux interrogations comtemporaines.
Et c'est d'abord sur cette ligne de conduite que Camus et Guilloux se rejoignent, c'est ce qui dès leur première rencontre les a rapprochés.

     
Louis Guilloux et Albert Camus                 Les 2 amis à Sidi-Madani en 1948

Guilloux et Camus, c’est l’histoire d’une vraie, d’une grande amitié, une communion dans l’engagement personnel et littéraire, une rectitude morale qui définit bien leur attitude face à l’existence. On reprend souvent cette citation de Guilloux, qui est un hommage à son ami Camus : « Je l'aime tendrement et je l'admire, non seulement pour son grand talent mais pour sa tenue dans la vie. » Louis Guilloux, 1952

Leurs convergence, elle est dans leur vie car ils ont connu dans leur jeunesse la pauvreté et la maladie, et aussi dans leur éthique car ils défendent ardemment la justice, se situant du côté des malheureux et des opprimés, se méfiant des idéologies, franchement ancrés à gauche.
Entre Guilloux et Camus, c’est un peu comme entre Camus et René Char : quand ils sont à Paris, ils se retrouvent le plus souvent possible et quand ils ne peuvent pas se voir, ils s’écrivent. C’est bien une aubaine pour nous puisque beaucoup de ces lettres nous sont parvenues, permettant de suivre leur cheminement intellectuel et leurs préoccupations quotidiennes.

          
           Le couple Guilloux et leur fille Yvonne


Leur amitié, on la trouve aussi dans les retrouvailles familiales comme dans cette exemple cité par la fille de Louis Guilloux : « J'avais 14 ans et demi quand j'ai connu Albert. On sortait à droite, à gauche, avec lui et mes parents. C'était très agréable. Plus tard, on a logé chez eux aussi à Paris. C'était vraiment comme de la famille. »

Dans leurs échanges épistolaires, ils se plaignent souvent du manque de temps qu’ils ont pour écrire, pris par les obligations du quotidien. En 1946-47, donc au début de leur correspondance et de leur amitié, on peut mesurer la confiance de Camus envers Guilloux qui leur envoie le manuscrit de La Peste en lui demandant ses suggestions.

                 

Ils sont tous les deux dans leur univers littéraire comme Camus qui, même au moment de sa retraite à Briançon pense constamment à son projet qui deviendra L’homme révolté. [2] « Métier de cinglé! Mais c'est le seul » écrit Guilloux qui pense surtout au projet qui deviendra Le Jeu de patience.

               

Mais ils sont aussi soucieux de leur vie, demandant souvent à la fin d’une lettre des nouvelles de la famille ou des amis. « Comment va ta main » demande Guilloux, sachant que Camus s’était fait mal à une main lors d’une sortie à skis. Puis il demande des nouvelles des « comiques », faisant allusion aux jumeaux.

Ce fameux voyage auquel fait allusion Camus dans l’une de ses lettres et qu’il doit ajourner, ils le feront bientôt avec l’ami Jean Grenier et ils iront se recueillir sur la tombe du père de Camus, enterré là à Saint-Brieuc, juste à côté de chez Guilloux.
Des souvenirs qui créent de sacrés liens.

                          

Notes et références
[1]  "
Actuelles" est le titre de l'ensemble des chroniques que Camus a tenues entre 1950 et 1958 :
Actuelles I : Chroniques 1944-1948,  Actuelles II : Chroniques 1948-1953, Actuelles III : Chroniques 1939-1958 sous titrées Chroniques algériennes
[2]  Pour suivre le travail de Camus durant cette période, voir les trois tomes de ses Carnets, en particulier le tome II couvrant la période 1942-1951

Voir mes autres fichiers :
* Albert Camus, correspondances, «  Le centenaire de sa naissance »
Correspondance Albert Camus-René Char et Albert Camus-Michel Vinaver --
Correspondance Albert Camus-Jean Grenier et Albert Camus-André Malraux --
* Correspondance Albert Camus-Nicola Chiaromonte et Albert Camus-Maria Casarès --
* Camus entre Guilloux et Grenier -- Jean Grenier : Camus, souvenirs --
* Synthèse de ses correspondances --

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