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Frachet
13 novembre 2019

Christelle Balouzat-Loubet, Les derniers Capétiens

Référence : Christelle Balouzat-Loubet, Louis X, Philippe V, Charles IV, les derniers Capétiens, 1314-1328, éditions Passés composés, septembre 2019

Voici revenu le temps des Rois maudits, du nom de la saga écrite par Maurice Druon et devenue célèbre grâce à la télévision. Derrière les libertés inhérentes à l’écrivain, les frasques des femmes des trois fils de Philippe le Bel dans la tour de Nesle ou la fameuse malédiction lancée depuis son bûcher par Jacques de Molay, on peut se demander ce qu’il en était de la politique suivie par les derniers capétiens et de l’impact de leur disparition prématurée.
L’historienne Christelle Balouzat-Loubet [1] nous raconte leur véritable histoire à la lumière de nombreuses sources d’archives.

      
                                                                      Louis X recevant une délégation de juifs [2]

Si les trois fils de Philippe le Bel, qui régnèrent de 1314 à 1328, sont connus grâce aux livres de Maurice Druon et à la série qui en a été tirée – Les Rois maudits–, que savons-nous réellement de la vie et de l’action des derniers Capétiens ? La fiction a certes retenu les frasques de leurs épouses dans la tour de Nesle ou la supposée malédiction lancée depuis son bûcher par Jacques de Molay, mais la place de leurs règnes mérite en réalité d’être réévaluée.[3]

Pour comprendre la politique de Louis X (1314-1316), Philippe V (1316-1322) et Charles IV (1322-1328), et la dynamique qui entraîne la fin d’une dynastie qui régna sur la France pendant plus de trois siècles, l’auteure s’empare des pièces à la disposition de l’historien. Elle montre alors qu’en parachevant l’œuvre de leur père, les trois frères ont, chacun avec leur personnalité, posé les fondements de la France des Valois et comptent eux aussi parmi les artisans de la construction de la monarchie française.

      
Le sacre de Philippe V                              Scène tirée des rois maudits

Pauvres derniers capétiens coincés entre leurs grands devanciers, Saint-Louis ou Philippe-le-Bel, et l’avènement des Valois, les débuts de la guerre de Cent ans. Et puis, ces trois beaux gaillards n’ont régné que 14 ans et n’ont pas été fichus d’avoir de descendants ! Ils portent ainsi la responsabilité de l’extinction de leur lignée et cette fin prématurée est synonyme de déclin, accentué par le problème de crise dynastique.

Leur règne s’inscrit dans la continuité de la politique de leurs prédécesseurs. Sur le plan institutionnel, Philippe V en particulier, a largement règlementé le Parlement, le Conseil, la Chambre des comptes ou l’Hôtel royal. Ils ont aussi assis la souveraineté royale dans toutes les régions.

       
Charles IV le Bel

Les deux crises successorales de 1316 (mort de Louis X)  puis 1328 (mort de Charles IV) ont contraint le pouvoir royal à fixer pour la première fois des règles d’accession au trône en cas d’absence de succession mâle direct. En 1316, on refuse aux femmes le droit de régner et en 1328, on leur refuse le droit de transmettre la couronne à un fils. Décisions entérinées par l’exhumation de ce qu’on a appelé la loi salique en 1358.

Bien qu’il soit difficile de cerner la personnalité de ces trois rois, par manque de documents ciblés, on peut pourtant dire qu’ils ont été très tôt préparés au gouvernement, guidés par la référence théorique qu’était à l’époque "le Miroir aux princes", rédigé par Gilles de Rome pour leur père, dans le respect des valeurs chrétiennes et chevaleresques.

               
Philippe IV et les derniers capétiens   Les capétiens, de Philippe III à Charles IV

Par contre, leurs caractères étaient fort différents. Louis, était « Hutin », autrement dit querelleur, Philippe (le Long) sans doute plus posé que son fougueux jeune frère Charles (le Bel).
Louis et Charles subirent l’influence de leur oncle Charles de Valois contrairement à Philippe qui mit en œuvre plusieurs réformes touchant l’État.

Cette étiquette de Rois maudits, ils le doivent à la mentalité judéo-chrétienne de l’époque, qui assimilait leurs malheurs à une punition divine, due à la politique retorse de Philippe le Bel s’était adonné à des manipulations monétaires et s’en était pris à l’ordre des Templiers. Ceci est à moduler par le fait que la mortalité infantile touche tout le monde, y compris les princes et rois, et que l’épisode de l’affaire de la Tour de Nesles les a privés de reines pendant des mois et même des années pour Charles.

        
                                                        Les trois derniers capétiens

Cette situation, à la mort de Charles IV le Bel en 1328, laisse une France avec certes des institutions solides mais avec un problème dynastique de taille puisque le roi d’Angleterre Édouard III, plus proche cousin du dernier capétien par sa mère, sera finalement écarté de la succession au profit de la branche des Valois. Il en conçut une profonde rancune qui servira de ferment au déclenchement de la guerre de Cent Ans.

                    
Le gouvernement de la comtesse Mahaut  La "formule" au moyen-âge

Notes et références
[1]
Christelle Balouzat-Loubet est agrégée d’histoire et a soutenu une thèse sur Le gouvernement de la comtesse Mahaut en Artois.
[2] Son court règne a été marqué par la réforme du servage et le rappel des juifs
[3] Quelques repères sur Les derniers capétiens --

Voir aussi
* Christelle Balouzat-Loubet, Mahaut d'Artois, une femme de pouvoir, éditions Perrin, 224 pages --
* Sylvie Le Clech, Philippe IV et les derniers capétiens, 1268-1328, éditions Tallandier, 159 pages --

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