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Frachet
21 septembre 2019

La Bretagne Du côté des abers

Ce circuit breton nous a conduits de Brest à Roscoff en passant par le Léon des abers et de la Côte des légendes.

Arrivés au village de Plouider ou plutôt au hameau de Pont-du-Châtel, nous logeons presque en face de  la chapelle Saint-Fiacre et son beau clocher breton (qu’on appelle le style Beaumanoir [1]), ses contreforts à niches, sa tourelle d'escalier semi-circulaire et sa galerie en encorbellement.


Clocher de Pont-du-Châtel à Plouider

Deux choses m’ont particulièrement séduit dans ce périple. D’abord la côte évidemment, tour à tour découpée à souhait, s’étendant en une succession de criques de roche ou de petites plages de sable, faite de chaos de rochers qui rappellent la région de Trégastel et ses rochers de couleur rose.

         
Église de Guisseny                                               Plage de Cléder

Également les clochers caractéristiques de ses églises comme le clocher gothique du Folgoët dominant la façade ouest avec sa galerie de cloches ajourée ou le Kreisker de Saint-Pol-de-Léon, avec lui aussi son clocher gothique du XVè siècle, situé à la croisée du transept avec sa flèche effilée, ses quatre clochetons d’angle qui offrent un beau contraste avec la flèche.
Une spécialité de ce pays de Bretagne, très différente des clochers plus classiques avec un dôme et des lanternons au-dessus d’une galerie.

              
Les clochers : Le Folgoët, Le Kreisker et Pleyben

Brest et son musée océanographique (Océanopolis)
Nous avons passés de beaux moments à Océanopolis situé près du port de plaisance du Moulin Blanc, même si nous n’avons pas pu voir les loutres. Il est composé de plusieurs pavillons dont les plus importants, les pavillons polaire et tropical.

Le parcours est ponctué d’aquariums –jusqu’à 1 000 000 de litres pour celui des requins- qui reconstituent la profusion et les couleurs des fonds marins. Pour casser le rythme de la visite, d’autres supports sont proposés comme des vidéos, des bornes interactives, des panneaux... qui traitent de la biologie des espèces,  les écosystèmes et la protection des milieux.

   Coraux tropicaux

Le pavillon polaire

Il présente la faune des pôles Nord et Sud. Dans de grands aquariums, on peut admirer les manchots et les oiseaux peuplant les îles sub-antarctiques.

    
Manchots                                                             Ours polaire naturalisé

Puis vient une zone de transition qui informe sur les relations alimentaires dans les pôles et sur les populations inuits qui vivent dans l'arctique.

   loup de l'atlantique

Ce pavillon propose également de découvrir la faune arctique. Dans les bassins, se succèdent alors les phoques arctiques qui vivent sur la banquise, puis dans trois aquariums la faune sous-marine des fonds arctiques, sous la banquise.

Le pavillon tropical

   
La tortue-carette                                                     Requin taureau

Datant de la même époque que le pavillon polaire, il est organisé telle une évasion en quatre étapes dans les mers tropicales. À l'entrée, on commence par la visite du lagon, à travers un aquarium qui permet d'observer depuis la surface de l'eau les espèces d'un lagon tropical de faible profondeur.

     
Requin zèbre                                                            Vivaneau à collier

Puis à chaque nouvelle étape, on peut observer une zone tropicale dans différents bassins, complétée par une thématique basée sur :

  • L'océan pacifique et les requins ;
  • L'archipel indo-australien, le corail et la vie dans le récif coralien ;
  • L'océan indien et les grandes familles de poissons tropicaux ;
  • L'endémisme des régions caraïbes.

     
Rascasse ailée                                                     Raie pastenague à points bleus

On peut aussi clore la visite par une promenade dans une forêt équatoriale, avec l’atmosphère particulière à ce type de milieu et le chant des oiseaux qui rythment les pas des visiteurs.

     
Chirurgien jaune                                                          Poisson mandarin

De Brest à la Pointe Saint-Mathieu                  
Dans la traversée de la ville, on a pu admirer le pont de la Recouvrance, (pont levant qui franchit la Penfeld) fermé à cette heure pour laisser passer les bateaux.

    
Brest, pont de la Recouvrance                       Pointe Saint-Mathieu

Après un passage par le Conquet, le promontoire de la pointe des Renards, ce fut la Pointe Saint-Mathieu avec un superbe site largement ouvert sur la mer, son phare et les ruines de son église abbatiale.

 
Sémaphore et ancienne abbaye

* J’ai bien aimé les ruines de l’église juchée sur le rocher avec son chœur du XIIIè siècle, son donjon carré et la nef aux piliers ronds ou octogonaux.
* À l’extrémité, se trouve une colonne élevée en hommage aux marins morts pendant la Grande Guerre.

     
Le porche de l'abbaye

Les grands abers
Leur vue est assez déroutante, mélangeant l’eau et la terre, étirant leurs tentacules d’eau à l’intérieur des terres, mais nous n’avons pu l’admirer qu’à marée basse. Le plus intéressant est l’espèce de vaste estuaire que forme l’Aber-Wrac’h avec la presqu’île de Sainte-Marguerite et le phare de l'île Vierge. Ce dernier, situé au large sur une petite île, qu’on voit fort bien de la pointe, est le plus haut de France.

À Landéda sur la côte, sur le chemin qui mène à une pointe, on peut admirer d’un côté, outre le phare de l’île Vierge, le fort Cézon, le village de Plouguerneau et la baie des Anges, et de l’autre côté, les dunes de Sainte-Marguerite qu’on peut ensuite aller voir ainsi que sa plage en contrebas.

 

Saint-Pabu, qu’on nomme « la perle des abers », située à l’embouchure de l’Aber Benoît, possède l’un des plus grands massifs dunaires du Finistère, avec plages de sables fin, îlots et récifs au large.
On peut aussi visiter la Maison des abers, à l’entrée de l’Aber-Benoît, espace muséographique consacré à la découverte des trois abers, l’Aber-Wrac'h, l’Aber- Benoît et l’Aber-Ildut.

     
Saint-Pabu : L’aber Benoît rive gauche --  La maison des abers

De là, on peut rejoindre un peu plus au sud le petit port de Portsall, devenu soudain tristement célèbre par le naufrage au large de l’Amoco Cadiz qui provoqua une marée noire mémorable. Sur le haut du port de pêche, l’ancre du bateau rappelle à tout jamais l’événement.

La côte des Légendes
De Brignogan-plages à Plouescat, la côte offre un contraste surprenant de chaos rocheux et de belles plages de sable.  C’est particulièrement vrai à Brignogan, situé au fond de l’anse de Pontusval,  où de part et d’autre de la cité des amoncellements de rochers de toutes les formes alternent avec de petites plages qui se cachent dans le chaos granitique.

              

Le phare de Pontusval, situé à la pointe de Beg-Pol, au nord du port de Brignogan-Plages, inscrit au titre des Monuments Historiques, image phare du pays pagan, fête ses 150 ans. Peint en blanc comme les amers, il paraît imbriqué dans des amas rocheux.


Brignogan-plages

Cette partie de la côte compte de nombreux rochers pittoresques. Disséminées le long du littoral, sculptées au fil du temps par la mer et le vent, ces formes étranges sont vraiment intégrées au paysage. On a donné des noms à certaines d’entre elles, tant elles rappellent des forment humaines comme "la créature ensevelie" à Guissény ou le cyclope de Meneham. On dit même qu’elles serviraient de cachette aux korrigans fous qui vous chatouillent les pieds la nuit et changent les panneaux directionnels pour que vous vous perdiez dans les abers ! 

Les dunes de Keremma représentent un vaste écosystème entre la baie de Goulven et l’anse du Kernic et s’étirent sur plus de 6 kilomètres d'un rivage fait de sable blanc puis à l'intérieur des terres, devenant  collines et pelouses dunaires,

     

Plouescat, charmante cité, est surtout appréciée pour ses plages de sable fin et à ses criques abritées. Sa façade maritime de quelque de 13 km offre de beaux contrastes avec ses plages, ses massifs dunaires, les formes étranges de ses blocs rocheux et sa baie aux vastes bancs de sable.
Et sa miellerie... à visiter sans hésiter !

    
Plage de sable et de rochers                        La halle et l'église

Le site de Meneham est un conservatoire de la mémoire du pays pagan (paysan breton). C’est un lieu très pittoresque à l’abri d’énormes blocs granitiques. Il se présente comme un écomusée qui a abrité à une époque des fermes de paysans goémoniers.

Des espaces muséographiques présentent la vie des habitants qui ont peuplé le site et des artisans ouvrent leurs ateliers au public. A la belle saison, des animations mettent en scène le passé à travers le théâtre, la danse et la musique.

Deux espaces sont centrés sur l’histoire du village. Le corps de garde, bâti entre les rochers et tourné vers la mer, permet de découvrir ses origines. La maison Salou, située au bas du village présente la vie quotidienne des paysans-pêcheurs-goémoniers présents depuis le 18e siècle.
L'ancienne caserne des douaniers accueille des ateliers d'artisans et d'artistes partageant leurs activités, leur métier et leur savoir-faire.

    

La Côte des Légendes, qui s’étend sur 34 km, conjugue dunes, marais, rochers, plages et tourbières, à la fois milieu rural et marin, dessinée par le vent et les embruns qui lui donnent de multiples facettes.

Ces milieux naturels sont protégés dans le cadre du réseau Natura 2000, invitant aux promenades botaniques et halieutiques.
Deux d’entre eux sont particulièrement intéressants : vers Guissény, une zone d’étangs s’étire entre la digue du Curnic et la baie de Tresseny, aux paysages contrastés faits de dunes, de prairies humides, estran et étang saumâtre ; de l’autre côté, la vaste baie de Goulven, au panorama changeant selon les marées et les dunes de Keremma présentées dans la Maison des dunes.

De Saint-Pol-de-Léon à l’île de Batz

Saint-Pol-de-Léon possède un beau centre ville, essentiellement entre l’ancienne cathédrale et le Kreisker.

      

La cathédrale Saint-Paul Aurélien conserve des vestiges romans et illustre ce type d’architecture de la fin du 13e siècle. La façade ouest à deux grandes tours et la nef en pierre calcaire de Caen rappellent le style normand. L’ensemble date de la dernière partie du 15è siècle pour le transept et le chœur et le 16è siècle pour le déambulatoire et la chapelle sud.

  

La Chapelle du Kreisker datant des 14è et 15è siècles, contient le prototype du clocher breton. Haut de 78 mètres, il domine la ville et de sa balustrade supérieure, on peut apercevoir par beau temps de nombreux clochers du Léon.
Pendant tout le Moyen-âge, le conseil de la ville s’est réuni dans une salle à l’intérieur du Kreisker.

   
L'autel de la Vierge

A l'intérieur, c'est l'autel de la vierge qui est le plus intéressant avec sa statue, ses vitraux et de magnifiques  bas-reliefs :

       

La Maison Prébendale est l’œuvre d’un chanoine vivant de ses revenus ecclésiastiques (ou prébendes), belle demeure du 16è siècle de style Renaissance bretonne. De l’extérieur, on peut voir des jeux de toiture très plaisants, elle est décorée aux angles d’un lion e d’un dragon, le premier emblème du Léon et le second en l’honneur du le lion, emblème du Léon, et le dragon symbole de Saint-Paul Aurélien qui chassa un dangereux dragon.

    

Roscoff et son port

     
Roscoff est une cité balnéaire qui a conservé de belles maisons des XVIe et XVIIe siècles et dont le port en eau profonde assure la liaison en ferry avec les îles Britanniques.

    
Vue de la ville                                                   L’embarcadère à marée basse

On peut admirer jusqu’à l’île de Batz le clocher de l’église Notre-Dame de Kroaz-Baz, clocher Renaissance à lanternons, qui passe pour l’un des plus beaux du département.
Elle a aussi un port particulièrement actif reconnu qui est surtout connu pour la pêche des crustacés et des fruits de mer.


Vue du port

L’île de Batz
Cette petite île, qui fait partie des îles du Ponant, est entourée dans sa partie nord, d’une ceinture de récifs. À son éminence, se dresse un phare haut de 41 mètres.  Elle jouit d’un doux climat et possède de nombreuses plages de sable.

      

À sa pointe sud-est, Georges Delaselle un amoureux de la nature, a créé un beau jardin d’acclimatation (ou jardin colonial) réhabilité après une période d’abandon. Il possède un microclimat très particulier qui lui permet de présenter une collection botanique de plus de deux mille espèces subtropicales importées du monde entier.
On peut aussi y voir quelques vestiges archéologiques comme le dolmen de Penn ar C'hleger ou des tombes datant de l'âge de bronze.     

   
Palmier de Torkey                           ... et sa fleur                                 Palmier à chanvre

L'ensemble du domaine, aujourd'hui propriété du Conservatoire du Littoral, couvre quelque cinq hectares, le jardin lui-même s'étendant sur environ la moitié occidentale de cette surface, longé par le sentier littoral.

Dans une première phase, Georges Delaselle fit construire une petite maison et n’eut de cesse d’étendre son domaine. Étonné d’y découvrir de nombreux végétaux rares en provenance très variées qui s’étaient bien acclimatés ici,  il décida d’y créer son jardin. C’est ainsi qu’il s’est peu à peu initié à l'étude de la botanique.

       
          Rocaille sud africaine                              Fasciculaire du Chili

Si l’on peut visiter des jardins exotiques plus prestigieux, sa situation au sud de l’île, le climat particulier qui en fait un lieu d’exposition privilégié, la vue magnifique qu’on a de chaque côté et sur le port de Roscoff, se conjuguent pour en faire une visite des plus agréables et des plus instructives.

Notes et références
[1]
Églises et chapelles surtout des 15è et 16è siècles définies par leur mur-clocher accolée à une tourelle d’escalier, leur chevet à trois pans à triangle coiffant l'arc d'une voûte (ou gable) et à noue reliant la toiture.

Voir aussi mes fiches :
* Balade littéraire en Bretagne -- Bretagne et Côtes d'Armor --
* Julien Gracq en Bretagne -- Le "raz" de Julien Gracq --
* Max jacob en Bretagne -- Gustave Flaubert en Bretagne --

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