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Frachet
25 octobre 2018

Michel Ragon Georges et Louise

Référence : Michel Ragon, Georges et Louise, éditions Albin Michel, 2000

              
Louise Michel                          Michel Ragon                 Georges et Louise

C’est l’histoire d’une amitié peu connue et assez improbable entre le bourgeois Georges Clémenceau et l’anarchiste Louise Michel.
C’est oublier que Clémenceau n’a pas toujours été le politicien redouté et redoutable, cynique même, le président du conseil n’hésitant pas à faire tirer sur les ouvriers ou le « père la victoire », patriote inflexible et chantre de la guerre à outrance.

          
                                     Accueil de Louise à la descente du train

Lui, trente ans, déjà connu pour son opposition au Second Empire, elle, quarante et un ans, qui se débat pour donner un peu d’éducation à des enfants déshérités (et ça ne manquait pas à Montmartre).
Il fut au temps de la Commune un homme de gauche, maire de Montmartre, l’un des quartiers les plus pauvres de Paris. C’est là que lui, médecin et bourgeois républicain comme son père, rencontra une femme modeste et dévouée (elle le sera toute sa vie) qui s’occupait d’enfants pauvres auxquels elle donnait quelques rudiments d’enseignement. 

                       
Littérature prolétarienne   La mémoire des vaincus -                              Un si bel espoir -

Au fil de leur relation, elle s’aperçoit, stupéfaite, qu’ils ont des points communs, il connaît des gens qu’elle admire et en particulier Auguste Blanqui qu’elle brûle de rencontrer.

Les événements vont ensuite s’accélérer, ils se retrouvent pour soutenir la Commune de Paris, elle emportée par son dévouement et son engagement, lui plus réservé, voulant préserver ce qu’il peut, dans le chaos de cette guerre civile.

Il suivra ensuite son parcours, admiratif quand elle tiendra tête à ses juges pendant le procès qui suivra son arrestation comme membre de la Commune (ce qu’elle revendique), prenant à sa charge pus qu’elle n’avait fait. Contrairement à sa volonté, elle ne sera pas condamnée à mort mais expédiée dans le bagne guyanais.

                 
L'accent de ma mère [1]                       Sylvie Testud dans le rôle de Louise Michel

Là-bas, elle sera plus qu’exemplaire, d’un dévouement sans borne, s’occupant même de l’instruction des jeunes kanaks abandonnés par la métropole. Son action sera saluée par tous et contribuera largement à l’aura qu’elle acquière progressivement en France. Elle refusera toujours une grâce quelconque et reviendra en France après l’amnistie en 1880.

À Paris, quand elle descend du train après le long voyage la ramenant du bague, il est là parmi la foule qui l’attend. Malgré l’interdiction de toute manifestation, c’est une pagaille indescriptible. Les forces de l’ordre sont rapidement débordées et il faut toute l’autorité de Clémenceau pour l’extirper de ce chaos.
Son retour est un triomphe qu’elle va parachever par une "tournée" ponctuée de nombreux discours.

    
                             Louise Michel Lettres à Victor Hugo

D’une façon assez curieuse et même paradoxale, certains aristocrates l’ont beaucoup aidée, comme Henri Rochefort (marquis de Rochefort-Luçay) dont la grande amitié née en Nouvelle-Calédonie où ils avaient été déportés lui apporta toute sa vie un soutien moral et matériel ou le marquis de Talleyrand-Périgord qui prit soin de sa vieille mère. L’aidèrent également le prince Kropotkine ou la duchesse d’Uzès, et même monsieur Mauté de Fleurville, le beau-père de Verlaine

            
L'arrestation de louise en 1871         - Gustave Courbet -          Du côté de l'art brut

Leur amitié vainquit tous les obstacles au cours de ces temps qui furent si mouvementées. Même si, vers la fin, ils ne furent pas toujours d’accord. Contrairement à Clémenceau, Louise va défendre les attentats anarchistes comme celui de Ravachol, s’exclamant « comme si un moyen pacifique contre la bêtise ou la méchanceté était possible ! » De même lors de l’affaire Dreyfus, Clémenceau fut un défenseur inconditionnel du Capitaine, publiant le « J'accuse...! » de Zola, dans son journal L'Aurore tandis qu’elle refusa de se mêler de l'Affaire qui, à ses yeux, ne concernait que des bourgeois et des militaires.   

          
Peyramaure Louise Michel

Notes et références
[1] L'accent de ma mère est le premier tome de sa "saga vendéenne" qui comprend aussi
Ma sœur aux yeux d'Asie en 1982, Les Mouchoirs rouges de Cholet en 1984, La Louve de Mervent, en 1985, Le cocher du Boiroux en 1994.

Voir aussi
* Téléfilm sur Louise MichelLes itinéraires de Michel Ragon --
* Bibliographie de l'auteur -- Architecture & urbanisme moderne : tome 1, tome 2, tome 3 --

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