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Frachet
4 août 2018

Frédéric Beigbeder, Une vie sans fin

Référence : Frédéric Beigbeder, Une vie sans fin, éditions Grasset, 360 pages, janvier 2018

Dès le départ, Frédéric Beigbeder  nous avertit : «  La vie est une hécatombe. 59 millions de morts par an. 1,9 par seconde. 158  857 par jour. Depuis que vous lisez ce paragraphe, une vingtaine de personnes sont décédées dans le monde – davantage si vous lisez lentement. L’humanité est décimée dans l’indifférence générale.
Pourquoi tolérons-nous ce carnage quotidien sous prétexte que c’est un processus naturel  ? Avant je pensais à la mort une fois par jour. Depuis que j’ai franchi le cap du demi-siècle, j’y pense toutes les minutes.
Ce livre raconte comment je m’y suis pris pour cesser de trépasser bêtement comme tout le monde. Il était hors de question de décéder sans réagir.  »


Contrairement aux apparences, ceci n’est pas un roman de science-fiction… mais l’autofiction n’y est pas absente.

           "Brins hélicoïdaux dextrogyres" : la double hélice

Petit rébus : Frankenstein, Dracula et beigbeger sont attablés à une terrasse, qui donc commande un jus détox au sang de vierge, à s'injecter en intraveineuse ?
Ah, ah, vous donnez votre langue au chat...
vous avez raison car le troisième comparse est bien vivant et aime par-dessus tout la pub !

Cette fois, Frédéric Beigbeder n’y va pas par quatre chemins et s’attaque à l’immortalité. Mais pas question de ressusciter bêtement comme son prédécesseur, il a son truc à lui. C’est que sa quête d’éternité ne peut bien sûr pas être une mince affaire.

Parti avec sa fille (imaginaire) Romy, l’auteur-narrateur va rencontrer Éléonor qui sera la mère de Lou sa seconde fille et il a promis à Romy de découvrir le fameux secret de l’éternité. Nous voilà donc embarqué sur le tortueux chemin de la vulgarisation scientifique. Subtilité : pour éviter de ressusciter, il suffit de savoir « comment ne pas mourir ».

                 

Le dossier est sérieux, il comprend le séquençage du génome du narrateur, le scanner complet de son cœur, complété par différentes techniques utilisables comme la régénération cellulaire, le rajeunissement des organes, le recours à la cryogénie… avec leurs avantages et leurs inconvénients.

Le salut proviendrait-il alors de la génétique ? Ou à une autre technique plus ou moins sérieuse ou farfelue qu’on découvrira en visitant des laboratoires de recherche, des universités, des cabinets de consultation, ou des SPA huppées qui recourent à des piqûres au laser.

Oh, oh, la technique n’est pas vraiment le pain béni de l’auteur. Dans la continuité des Mémoires d’un jeune homme dérangé par exemple, il nous embarque dans l’univers labyrinthique de ses obsessions et de ses angoisses. Mais on fait aussi connaissance avec le docteur Laurent Alexandre qui pratique une technique appelée le transhumanisme.

Une enquête qui ne manque pas de charme, nous épargnant même la facilité de la réincarnation mais pas parfois celle du trop prévisible. Dans ce domaine, on retrouve son style inimitable avec cette sensation indéfinissable qu’il nous emmène à notre corps défendant, au pays de nulle part.
Comme l’écrit Kammel Daoud  : « Pour espérer vaincre la mort, commencer par ne pas croire en elle, ne pas croire ce qu’elle susurre. » [1]

             
Beigbeder et sa femme Laura

Notes et références
[1] Kammel Daoud dans Zabor ou les psaumes, page 50

Voir aussi
* Jostein Gaarder, Le Monde de Sophie,

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