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Frachet
17 novembre 2016

Oscar Wilde au Petit Palais

     

« Une bonne réputation ? C’est une des nombreuses contrariétés à laquelle je n’ai jamais été soumis. » Oscar Wilde

Le Petit Palais présente jusqu’en 2017 la première grande exposition française consacrée au célèbre écrivain Oscar Wilde né en 1854 à Dublin et mort en 1900 à Paris.

S’il est un poète fait pour être exposé, c’est bien Oscar Wilde (1854-1900). Pourquoi ? A cause, évidemment, de la célébrité quasi universelle de l’auteur du Portrait de Dorian Gray, traduit dans toutes les langues et fort bien illustré comme on peut le découvrir dans un récent ouvrage de Xavier Giudicelli, Portraits de Dorian Gray. Le texte, le livre, l’image (PUPS, 2016).

Réputation sulfureuse s’il en est, un homme condamné à deux ans de prison pour homosexualité en 1895, peine qu’il accomplit dans la prison de Reading, en Angleterre. Retournement de l’histoire, elle doit sa notoriété au De ­profundis qu’il y écrit et surtout à La Ballade de la geôle de Reading. Désaffectée, elle vient d’être l’objet de l’exposition « Inside », en hommage au poète.

         Napoleon Sarony (1821-1896), Portrait d’ Oscar Wilde, 1882. © Bibliothèque du Congrès, Washington.

Oscar Wilde, l'impertinence au Petit Palais

Une exposition sur Oscar Wilde à Paris au Petit Palais, quoi de plus normal pour cet irlandais qui se considérait comme un parisien, qui vécut plusieurs années dans la capitale où il mourut et fut inhumé au cimetière du Père Lachaise.
Dans les galeries du Petit Palais, on peut découvrir la vie et l’œuvre de ce parisien de cœur.

L’exposition présente aussi nombre de documents comme des manuscrits, des éditions rares, des portraits de l’écrivain, des correspondances avec ses amis André Gide, Pierre Louÿs, Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine ou Victor Hugo, qui retracent des pages plus intimes de sa vie et des relations avec ses amis.
On y trouve aussi une présentation de Salomé, unique texte rédigée en français, une pièce de théâtre écrite en pensant à Sarah Bernhardt, censurée par Lord Chamberlain mais applaudie par la critique parisienne.

Derrière son œuvre littéraire et théâtrale, ses pièces comme L’importance d’être constant, son roman Le Portrait de Dorian Gray ainsi que sa poésie, grande figure du Mouvement esthétique (Aesthetic Movement) se dessine aussi l’homme, le "dandy décadent" dans l'Angleterre puritaine de l’époque victorienne, "l’esthète nonchalant", spécialiste en provocations et mots d’esprit.

       
1- Oscar Wilde par Toulouse-Laurec, 1895    2- Tissot, Le déjeuner, 1876
3- Illustrations d'Aubrey Beardsley autour de "Salomé"

Le parcours Oscar Wilde de l'exposition

« J’ai mis tout mon génie dans ma vie, je n’ai mis que mon talent dans mes œuvres. » Oscar Wilde à André Gide

Univers bleuté de la première salle avec une tapisserie à l’anglaise, pour présenter les débuts du dandy-poète. Suit un univers d’un rouge éclatant pour mettre en valeur ses critiques, positives pour les peintres Richmond ou Watts ou plus acerbes, attaquant par exemple Tissot qui disait-il, « peint de façon dépourvue d’intérêt des objets tout aussi dépourvus d’intérêt ». La palette va se poursuivre tout au long des autres salles, ornées de maximes telles que « Dire des choses belles et fausses est le véritable but de l’art. »

On peut y voir aussi une très belle affiche peinte datant de 1895 représentant Loïe Fuller, "la Fleur de rêve", la célèbre danseuse américaine. Dans la salle consacrée au dramaturge, on peut admirer plusieurs représentations de sa pièce Salomé, offrant une belle chronologie, projetées sur le sol et permettant de suivre l'art de voyager dans le temps et se mouvant dans des formes et des vies différentes.

    

On le suit avec intérêt dans sa correspondance avec Stéphane Mallarmé ou les frères Goncourt, dans son rôle de rédacteur en chef d’un magazine féminin, dans ses manières étudiées quand par exemple il pose vêtu d’une fourrure touffue et d’un chapeau exubérant, qui n’est pas seulement une provocation mais aussi un hymne à la beauté. Une beauté dont il fait son credo dans le texte suivant : « La beauté est la seule chose qui mérite qu’on la possède. […] On dit parfois que la beauté n’est que superficielle, cela peut être, mais tout au moins elle est moins superficielle que la Pensée. Pour moi, la Beauté est la merveille des merveilles. Il n’y a que les gens bornés qui ne jugent pas sur l’apparence. Le véritable mystère du monde, c’est le visible, et non pas l’invisible… »

          
1- Oscar Wilde au Petit Palais        2- Walter Crane, The Renaissance of Venus, 1877
3- Stanhope, L’amour et la jeune fille, 1877

De son séjour en prison naîtront deux textes magnifiques, en particulier De Profundis, belle description de la douleur, une douleur sublimée par l'art et la création qui, selon Baudelaire, « peut faire de la boue de l'or » et illustre bien la dernière maxime de l'exposition : « Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d’entre nous regardent les étoiles ».

        

Un homme difficile à cerner

Le "dandy magnifique" va connaître bien des malheurs. Piègé par le père de son jeune amant, il va être condamné à deux ans de travaux forcés pour « comportements indécents ». On trouve dans les documents de l'exposition la lettre où Oscar Wilde dit sa « passion » pour Alfred Douglas ainsi qu'une vidéo où Robert Badinter revient sur le déroulement du procès et le rôle des différents intervenants. 
Oscar Wilde ne semble pas avoir pris la mesure du danger qui le guettait, de la haine qui animait le père du jeune étudiant qui était son amant et il tombera dans le piège qu'il avait lui-même initié.

Une autre vidéo fort intéressante elle aussi, présente le témoignage de Merlin Holland, petit-fils d’Oscar Wilde en nous faisant découvrir une face méconnue du personnage , un Oscar Wilde près de sa famille, soucieux du sort de ses enfants après sa condamnation.

                    
Sa femme Constance et leur fils Cyril   Sa tombe au père Lachaise 
Oscar Wilde et Alfred Douglas, dit « Bosie »

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