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Frachet
6 août 2014

Patrick Chamoiseau Texaco

Patrick Chamoiseau brosse une fresque épique du chemin de l’île de La Martinique, son île natale, dans les arcanes et les difficultés de ses ancêtres et de ses relations avec la tutelle française. Œuvre fleuve qui lui a pris quelque cinq ans pour en venir à bout, (août 1987 à janvier 1992) du temps des grandes plantations esclavagistes aux temps actuels de la bataille pour la dignité à travers la lutte pour la reconnaissance de cet énorme bidonville qui domine la ville de Fort-de-France, qui s’appelle Texaco. Texaco, du nom de la société pétrolière qui avait choisi d’y implanter ses cuves de pétrole.

   Patrick Chamoiseau chez lui en Martinique

Cette Marie-Sophie Laborieux qui raconte cette épopée à l’auteur, est décrite ainsi : « Une vieille femme câpresse, très grande, très maigre, avec un visage grave, solennel et des yeux immobiles. » Elle acquière une dimension mythique dans son rôle moteur dans son combat pour faire exister, faire reconnaître cet amas de tôles, de bois, de fibrociment  qui constitue aussi une micro société riche de son vécu humain et de son mode de vie.

            
                                               Chamoiseau et Glissant

C’est aussi la lutte de la population de plus pauvre, délaissée, souvent malmenée par le pouvoir et les forces de répression qui détruisent périodiquement les misérables cases, sous l’autorité du préfet et des « békés », les riches colons. Seule la municipalité de Fort-de-France avec son maire Aimé Césaire et un urbaniste qu’ils ont surnommé le Christ, les aidera à pérenniser Texaco.

        

Marie-Sophie Laborieux évoque la vie si difficile de ses parents, son père Esternome, nègre affranchi qui vit d’abord avec la belle Ninon qui perdra la vie à Saint-Pierre dans l’éruption volcanique de la montagne Pelée puis avec Idoménée, l’aveugle. Marie-Sophie vit de petits boulots, au service des békés blancs qui tiennent « l’en-ville, » boulots éphémères, amours éphémères mais elle est l’âme de la résistance aux mulâtres, aux békés, à tous ceux qui voudraient détruire Texaco.

Cette saga nous mène au cœur de l’âme créole à travers son histoire et la vie quotidiennes de ses membres, ses fables et ses rêves, dans un style fluide truffé d’expressions créoles qui donnent du piment au récit et parfois aussi un frein à la facilité de lecture.

                 

Repères bibliographiques
* Texaco, éditions Gallimard, 1992, isbn 978-2-286-04056-7
* Solibo Magnifique, éditions Gallimard, 1988
* Éloge de la créolité, éditions Gallimard, essai, 1989 (avec J. Barnabé & R. Confiant)

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